C’est important d’avoir de bonnes zombitudes

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Je connais une jeune fille de 16 ans qui n’a vraiment pas eu de bol à la grande Loterie de La Vie.
La demoiselle dont je vous parle, régulièrement le dimanche matin, elle voit sa mère émerger de son lit sur le coup de midi, et grommeler devant son café des trucs du genre « P**ain, qu’est ce qu’on leur a mis hier soir… on s’est bien marré. »
Son père, il est déjà dans Gridania* avec son Lalafell, trop fier de son nouveau casque et s’est déjà fait trois Goobbues depuis son premier café.

Mais que font les services sociaux ?!
Cette pauvre enfant a des parents qui jouent à des jeux vidéo !

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« Un bon zombie est un zombie mort,
…sauf quand c’est moi le zombie. »

Cette excellente devise est celle de tous les joueurs de Left 4 Dead.

Left 4 Dead, c’est quoi ?
En jargon, c’est un FPS co-op on line. Il en existe une version X-Box (dont je ne pourrais pas vous parler parce que je n’ai jamais vu ce que ça donnait) et une version PC/Mac hébergée sur la plateforme Steam.
En français, c’est un jeu de tir en vision subjective dans lequel on doit sauver sa peau en atteignant un endroit protégé. Sauf qu’entre vous et cet endroit il y a des centaines de gens transformés en zombies par un virus. Et qu’ils ont très faim. La particularité de ce jeu est que vous ne pourrez survivre qu’en coopérant avec les autres joueurs. C’est un jeu en ligne dans lequel vous pouvez faire équipe avec d’autre joueurs connectés ou bien jouer tout seul et dans ce cas c’est l’intelligence artificielle du jeu qui gèrera les autres joueurs.
En Wikipédien c’est ça.
En vidéo c’est ça : Left 4 Dead et Left 4 Dead 2 (éloignez les gosses….. ça tache un peu…)

En vrai ce sont des joueurs, des gens comme vous ou moi (enfin surtout comme vous, vu que la population masculine y est sur-représentée) qui se connectent à un jeu par l’intermédiaire d’une plateforme et de serveurs. On peut jouer un survivant et même (et c’est là que ça commence à devenir vraiment intéressant) un zombie et essayer de dévorer ses petits camarades….

Bon, côté « gameplay » (en bon français, scénario de jeu), est assez simpliste et ça me rappelle furieusement mes premières parties de Donjon & Dragon ( la boite rouge, mais je vous parle d’un temps que les moins de 30 ans…..) : « un couloir, un monstre, pas de trésor » et « moi voie, moi tue ». Côté intelligence artificielle ça tourne plutôt bien et vite, même si au bout d’un moment, on comprend comment elle fonctionne et on gagne en efficacité ce qu’on perd en plaisir de la surprise. C’en est alors fini des « famous last words » du style « Tiens, en passant par là, ça va aller plus vite ». C’est vrai, ça va plus vite. On est plus vite mort.

De l’intérêt de jouer sans utiliser de personnages gérés par l’IA du jeu.

Je joue pas à un jeu, je joue avec mes potes !

En fait, pour tout vous dire, en matière de jeu, ce que je préfère, ce n’est pas le jeu. Ce sont les joueurs.
Et c’est vrai depuis toujours.
J’avais horreur de jouer avec ma grand mère à la belote parce qu’elle trichait. J’ai passé des nuits à faire des scrabbles avec une copine, mais en dehors des parties avec elle, ce jeu m’emm**de profondément. J’ai passé des heures autour d’un plateau de Junta avec des copains qui m’ont fait tellement rigoler que je m’en rappelle encore vingt ans après, etc, etc…

Pour les jeux vidéo, c’est la même chose. Jouer tout seul devant un PC, je l’ai fait : des semaines entières devant Donjon Master sur mon premier Atari, des campagnes grandioses de Heroes of Might and Magic…. j’en passe et des meilleures.

Et puis un jour, j’ai découvert qu’on pouvait jouer avec des vrais gens à travers Internet.
En fait, j’ai même commencé comme ça, avec des vrais gens : tout le monde dans la même cave d’un cybercafé (qui ne s’appelait pas encore comme ça à l’époque). Vingt trois copains et moi et moi et moi, 12 de chaque côté de la salle, dos à dos, d’un côté les américains, de l’autre les allemands, à se tirer dessus entre 20h et minuit. Crises de rire (« Surprise ! Tu l’as bien senti mon coup de pelle ? »), engueulades (« Mais bord*l, tu pouvais pas me couvrir avec ta mitrailleuse, abruti !), gags récurrents, sandwichs, cocas et pauses clop… C’était trop bien.
Le jeu s’appelait (et s’appelle toujours) Day of Defeat et c’est un chef d’œuvre du genre.

Mais bon, vous savez ce que c’est la vie… le boulot, les gosses…. Outre le fait que ça m’a coûté un bras en baby-sitting, au bout d’un moment c’était pas facile de réunir tout le monde la même soirée. « Ma copine elle veut que je sois à la maison ce soir sinon elle va faire la gueule », « Le petit a une otite », « Ma femme travaille de nuit ce soir », « Je peux pas, je suis au concert des « The Electric Pass-Moutains »…

Alors depuis 2004**, j’ai jouée à DoD*** de chez moi. Et au fur et à mesure du temps, j’ai fini par recroiser les mêmes joueurs sur les mêmes serveurs, par me faire une « friend list » à la Facebook, par intégrer des équipes (c’est incroyable comme on est parfois bien accueillie quand on est une fille…). J’ai même rencontré certains de ces joueurs « en vrai ». Malheureusement, ce n’est pas très facile à faire pour la majorité… ma friend list est à peu près mondiale, du Japon à la côté ouest des USA en passant par la Russie et la plupart des pays européens.
La plupart du temps, dans le jeu on parle en anglais, la seule langue suffisamment commune pour qu’on arrive à se comprendre. Quelques rares fois on arrive à monter une partie entre français. Et puis des fois on joue avec des gens qui parlent dans des langues vachement exotiques, on comprend rien, mais on se marre quand même. Enfin, ça ne sert à rien mais maintenant, je sais dire bonne nuit dans au moins une dizaine de langue !

Alors quand L4D est sorti, je l’ai acheté. Et moi l’inconditionnelle joueuse exclusive de DoD, j’y ai joué, et j’ai retrouvé peu à peu les mêmes potes dans ce nouvel univers.
Sauf que par rapport à DoD, là, les potes, ils sont vraiment indispensables.

Évidement dans le jeu, on parle du jeu (« Gaffe à droite ! » « Qui c’est qui me vire ce sniper sur le toit d’en face ? »). Mais pas seulement. Des fois on parle de sa journée, de ses soucis, de son chat, de ses ruches… de la vie quoi.

Et puis des fois la discussion continue après le jeu. Je me souviens d’une discussion sur Nietzsche avec un norvégien de 19 ans, sur le coup des deux heures du mat’, après avoir passé la soirée à découper du zombie à la tronçonneuse. Comme quoi.

Je sais, c’est mal, mais j’aime bien dévorer mes copains

Bon, vu que je suis invitée sur ce blog pour vous parler de L4D, j’y viens.
Sinon, je vais me faire engueuler.
En plus par un type qui y joue sur une X-Box que je peux même pas jouer avec lui.
No comment.

Dans L4D vous êtes quatre survivants (ce ne sont pas les même dans les deux opus mais en fait on s’en fout) dont une fille (avec un blouson rouge trop cool dans le 1 et un T-shirt rose des « Depeche Mode » dans le 2). Il ne reste que vous dans une zone dévastée par les victimes d’une étrange épidémie qui transforme les humains en zombies. Le problème de ces survivants c’est qu’ils ne sont que quatre mais il y en a d’autres ailleurs et qu’il va falloir atteindre un point de sauvetage pour les rejoindre.
Chaque campagne est divisée en niveau (de 2 à 5 par campagne) à l’issue duquel vous pouvez rejoindre une pièce protégée des zombies et faire une pause. Il est possible, très possible, très courant que l’un des survivants succombe sous les coups des hordes sanguinaires. Au pire, vous le retrouverez au niveau suivant dans cette pièce sécurisée. Bref, mourir, c’est pas si grave que ça. Mais c’est vexant. Et survivre à trois, c’est moins facile que de survivre à quatre. Parce que parmi les zombies, certains ont développé des attaques spéciales qui peuvent vous incapaciter totalement jusqu’à ce que mort s’ensuive, sauf si un de vos camarades vient vous tirer de ses griffes. Bref, plus on est soudé (en jargon, plus on est « teamplay »), mieux ça marche.
Rien de pire que de jouer à L4D avec des gens qui font comme si vous n’existiez pas.
Dans ce cas, les parties sont très courtes. Heureusement parce qu’elle sont aussi très chi**tes.

Le top, c’est de jouer en mode « versus ». Parce que là, vous allez être alternativement les survivants et les infectés spéciaux. Donc, il y a 8 joueurs (et toujours des hordes de zombies gérés par l’IA) et chacune des équipes joue un niveau, alternativement d’un coté et de l’autre.
L’intérêt c’est que quand les infectés sont joués par des humains… ils sont vachement plus malins, même quand c’est moi.

Et le top du top, c’est de jouer une partie en versus avec uniquement des copains. Alors là, c’est la grande classe. Parce qu’on connait nos façons de jouer, on se protège les uns les autres et que les parties ne sont jamais les mêmes alors que le terrain de jeu est strictement identique. J’ai vu des parties où on n’arrivait pas à faire vingt mètres en sortant des zones sécurisées sans mourir tous (dans d’atroces souffrances forcément).

Pour tout vous dire (et au cas ou la lecture de ce billet vous inciterait à dépenser 20€ pour vous procurer l’une des deux versions***** du jeu) la première fois qu’on joue (essayez de préférence la nuit, tout seul…. comme je l’ai fait) on flippe à mort.
Je sais, vous connaissez par cœur tous les films de Romero, vous avez la collec’ complète des « 28 jours après » et vous avez lu le livre de Matheson « Je suis une légende » et vous savez que c’est pas une histoire de zombies mais des vampires… Donc, on vous fait pas flipper comme ça.  Mais  je vous garantis que vous allez flipper. Des coups à pas oser éteindre le PC pour aller jusqu’à votre chambre dans laquelle il n’y a pas de lumière allumée. Les ambiances de jeux sont très fortes.
Je me rappelle mes premières parties. Je crisais dès que les autres survivants étaient à plus de 20m de moi…. (« Me laissez pas toute seule, j’ai peur ! »). Heureusement maintenant, avec des joueurs très « teamplay », je sais que même par terre je vais m’en sortir.
Voire même, j’arrive à tenir une porte face à 200 zombies pour protéger mes petits camarades. Même pas peur.
Enfin, pas toujours. Je veux dire : j’arrive pas toujours à tenir la porte.

Et j’adore jouer infecté. D’abord parce que faut réfléchir à comment être plus malin que les gars d’en face, qu’il faut coordonner les attaques, faire des diversions….

Le zombie peut aussi être une ménagère de moins de 50 ans

Souvent, quand je ne connais pas les joueurs, la première question qui leur vient à l’esprit en entendant ma voix c’est de se demander si je suis un gosse (« un pyjama ») ou une fille. Et quand ils comprennent que je suis une fille, de savoir mon âge. Quand je leur répond que j’ai l’âge d’être leur mère (ce qui est souvent vrai) ça change carrément les choses. Ils arrêtent la drague et on peut parler de choses sérieuses. Parce qu’en plus d’être une ménagère de moins de 50 ans (plus pour très longtemps d’ailleurs…), je suis une prof. Et là en général, les deux bras leur en tombent (et j’en profite lâchement dans le jeu, gniark, gniark….).

Cela dit, justement, l’un des intérêt de ce jeu et des jeux en ligne en général (FPS ou MMORPG), c’est qu’en plus de brasser les langues, les cultures… ils brassent aussi les âges. Je joue régulièrement à DoD avec un papy anglais de plus de 60 ans à qui son médecin a conseillé de jouer à des FPS après qu’il ait été victime d’un AVC léger, et avec son petit fils qui doit avoir maintenant 12 ans.
Je joue et je discute souvent avec des jeunes polonais ou allemands.. Et après certains s’étonnent de mes connaissances des systèmes scolaires européens…. je vois pas pourquoi !

Mes parents sont des hardcore gamer…
C’est grave docteur ?

Pour en revenir à la jeune fille dont je vous parlais au début, je la connais bien, c’est ma fille.

Elle a la triste chance d’avoir deux parents hardcore gamers… c’est à dire des « joueurs invétérés » qui en plus ont des vies sociales, culturelles et professionnelles normales. Elle vit entourée de livres, de CD même pas gravés, d’instruments de musique, d’ordinateurs. Il y aussi un hamac dans le jardin à la belle saison… Enfin, une maison normale quoi.

La pauvre, quand elle entend tout ce qui se dit sur les jeux vidéo (des histoires d’addiction, d’autisme, de rupture sociale, de violence….) elle a du mal à faire le lien. Surtout que de temps en temps, elle a le droit de prendre le PC de sa mère, d’y retrouver nos amis communs et de profiter de tout ce que ce jeu a de bon. Elle parle anglais, elle découvre des jeunes européens de son âge… Des fois elle les retrouve ensuite sur FB, mais c’est une autre histoire…
Finalement, c’est une adolescente exceptionnellement normale 🙂

[VED] Mila Saint Anne (Fr)
http://milasaintanne.wordpress.com

PS : Merci à Ticeman pour m’avoir invitée dans sa caverne.

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* Pour les Keskelledit, je suis sympa, je vous donne l’explication tout de suite. Gridania c’est le monde de Final Fantasy, un MMORPG
** En 2004, j’avais du payer le jeu 30€… Depuis, je crois qu’il est largement amorti.
*** : bein alors mes Keskelledit ? Un bug ? « Day Of Defeat » … « DoD » … non, vous voyez pas le rapport ?
**** L4D, allez, cherchez bien, je suis sûre que vous allez trouver de quoi je parle… 🙂
***** Contrairement à ce qui se passe en général avec les jeux vidéo, le deuxième opus n’a pas « tué » le premier…. je joue au deux, ça dépend des joueurs qui sont en ligne.


Meurs pourriture communiste (ou comment les jeux sérieux sont chiants tellement on tue personne dedans…)

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httpv://www.youtube.com/watch?v=4myOpeR6_IU

Habituellement, je ne commence pas un billet par une vidéo, mais les vacances aidant, et la nostalgie étant à l’honneur suite à quelques échanges sur twitter et à mes sensations d’ado en découverte de l’amour, j’avais envie de placer un petit extrait culte.

La digression est courte, je l’accorde, je ferai mieux la prochaine fois. Alors, quel peut être le rapport de tout ça avec les jeux sérieux. Et bien un rapport énorme, je viens de finir Call Of Duty Black Ops. Et là, lecteur habitué à télérama, se dit, mais il est pas clair le type.

Alors toi qui lit un magazine bien pensant, je te dis, Call Of Duty Black Ops, c’est Le JEU, du moment et surtout, c’est un jeu qui a pour contexte la guerre froide (guerre froide! communiste! ça va mieux ou il te faut une ou deux citations). Bref, Le Jeu, se déroule pendant la guerre froide et le Jeu, aurait pu être un Serious Game. Mais il ne l’est pas et comme tout jeu, se trouve être un jeu pour ado retardé où on tue moults coco et tchongs (qui sont aussi coco), de façon atroce. Alors pourquoi n’est-il pas un Serious Game?

Tout d’abord je vais faire une grande digression (les habitués ne s’y perdront pas, les autres, vous pouvez retourner lire télé poche euh pardon, Télérama, de toute façon c’est pareil mais habillé). J’ai acheté ce jeu parce que je suis fan de la série depuis depuis l’épisode abordant le débarquement comme tout bon gamer (j’entends par là une personne qui joue à des jeux vidéos de façon déraisonnable, en y passant quelques heures de nuit au lieu de corriger ses copies). Euh, je reprends moi même ma digression en précisant que c’est une excuse nettement plus valable que de regarder Plus Belle la Vie. Donc j’achète cette splendeur, je joue, je tue habilement beaucoup de monde (et j’ai particulièrement adoré le couteau dans la gorge des vietnamiens sur des bateaux). Bref, je joue, je m’y croie un peu,  la musique aidant (on se serait cru dans la bonne vieille série l’Enfer du Devoir), et tout d’un coup, en pleine frénésie meurtrière, j’hurle, mais Putain, c’est un Serious Game.

Mon cerveau, comme tout humain, a des dysfonctionnement! et en bon prof d’histoire géo (enfin bon, je vais pas m’étaler sinon j’aurais mis exceptionnel), je me dis, mais avec tout ça, j’aurais bouclé la partie Guerre Froide du programme des mes troisièmes en deux temps trois mouvements. Pourquoi donc? ben dans Le Jeu, il y a tous les éléments de la guerre froide, les cinématiques font un petit rappel historique (pas très complet je l’accorde) mais pour qui dispose d’une petite chronologie de la chose, et bien il revit la guerre froide).

Alors, je vais en revenir à mon propos principal. Quel est le lien de tout cela avec les Serious Game. Et bien voilà, je vais tout vous dire.

Il y a peu, je lisais un article de  @pierretravers sur les jeux sérieux (A vous de le lire, je perds assez de temps en digressions inutiles). Et je me dis, il a bien raison le Pierre, car nous autres gamers, on sait bien que les jeux sérieux c’est du flan et que tout ça ça sert à faire de la thune en réalité. Parce qu’un jeu sérieux ça ne peux pas exister, sinon ce n’est pas un jeu. Alors là, y’a plein de gens qui vont dire il ne connaît pas si ou ça, il a pas lu untel ou untel (ça c’est sur, je n’ai pas lu untel ou untel, les articles sur les jeux sérieux faits par des pédagogues dépressifs pour lesquels le jeu s’arrête à Pong, je ne peux même pas les lire). Essayer donc de jouer à la bagarre sans coller un vrai coup de boule.

C’est bon, vous avez essayé? Alors! Ben c’est nul, on s’y croit pas! Parce que le critère d’un jeu c’est de s’y croire, de faire comme si. Et une bagarre sans le craquement de l’arcade sourcilière de l’adversaire, c’est pas crédible. Et ben les serious game c’est pareil! ON NE S’Y CROIT PAS! Et c’est là que le bât blesse.

Il y a en ce moment, une mode de parler de Serious Game à tout va, d’en faire une recette pédagogique miracle pour intéresser des élèves soit disant démotivés et intéressés par rien (parce qu’en réalité, ils sont intéressés par plein de choses, la façon de servir la soupe étant primordiale). Et, digression de plus, mais là certains sont habitués: Y’en a marre sur twitter du retwittage de trucs qui n’ont même pas été vus ni testés. Et intéressé des élèves avec des Serious Game, qui se révèlent aussi chiants qu’un cours magistral, et ben ça n’arrangera rien. Pourquoi, parce que l’essentiel de ce qui est présenté comme des serious game, c’est de la daube.

Tiens Cindy! On va t’intéresser aujourd’hui au développement durable avec ce splendide jeu qui va te permettre  de répondre à des questions comme si tu étais une abeille. « Mais Monsieur, on n’en sait rien de comment elles pensent les abeilles, alors comment je répondrais aux questions ». Ah Cindy, si tu savais que tu allais être exclue par une réponse si insolente (si le prof dit que c’est bien, C’EST BIEN même si ton prof il y connaît que-dalle aux jeux parce que son loisir c’est de lire des livres sur Napoléon). Et oui, répondre à des questions, ce n’est pas un jeu sérieux. Si vous voulez que Cindy se mette dans la peau d’une abeille, il faudrait faire un jeu où on est une abeille (et il faudrait que ce soit bien avec la possibilité de voler à pleine vitesse, d’éviter les prédateurs des abeilles,  de faire le travail d’une abeille et la possibilité de piquer les méchants quitte à en mourir, bon d’accord je digresse j’imaginais juste le jeu).

Voilà le problème des jeux sérieux. On vous colle un prétexte bidon pour vous vendre ‘(parce qu’il est bien question de vente puisqu’en réalité le marché est largement occupé par des sociétés à but très lucratif et même quand c’est gratuit, ce sont des sociétés qui se construisent une image ou veulent vendre un autre produit). Peu importe le prétexte, développement durable, connaissance du monde de l’entreprise (Les jeux sérieux pour les vieux sont parfois encore plus chiants), le fonctionnement est le même. On vous colle un prétexte, et on vous propose de « jouer » sur le thème. Et ben moi, j’appelle ça une fiche d’activité en classe ni plus ni moins (je donne un document et tu réponds à mes questions).

Et à mon humble avis, les seuls jeux vraiment sérieux, ce sont les jeux tout court. Parce que ceux là, ils ont été faits pour divertir et qu’ils ne pénalisent pas le gameplay qui est l’élément fondamental d’un jeu. Parce que moi sauver les dauphins en répondant à un questionnaire, ça me donne plutôt envie de savoir quel goût ça aurait le dauphin. Alors que quand je jouais à Echo the Dolphin (gamer depuis le CPC 464 tout comme bien d’autre et adepte de la sega megadrive pas comme ces lourds de chez nintendo) et bien j’aurais bien eu envie de les sauver moi les Dauphins. Et quand on veut me faire jouer le rôle d’un assureur et bien j’ai dû mal à m’y mettre parce qu’en réalité dans le jeu, l’assureur, il a une vie bien chiante (il matte pas sa secrétaire, il prend pas de pause, il fait pas un détour par micromania en rentrant du boulot).

Donc, à un moment, plutôt que de se demander comment faire des jeux pour apprendre, la bonne question serait peut être Comment utiliser des jeux pour apprendre. Parce que faire un bon jeu, ça coûte temps et argent, et un bon gameplay sans thune, sans moteur graphique de compet et sans une équipe complète, ça rend pas. A l’heure où le budget de production d’un jeu vidéo est équivalent à celui d’un grand film, peut-on s’amuser à bidouiller des trucs que l’on appellerait jeu? Peut-on faire un jeu sur la guerre du Vietnam sans tuer Victor Charlie ou même un GI (je suis assez open mais ça ne m’est pas arrivé depuis le jeu Vietcong en mode escarmouche, mais là je sens que je suis en train de perdre des lecteurs).

Et donc, tout naturellement, parce que dans ma tête mes discours sont toujours très clairs (oui dans la mienne, mais si vous en êtes arrivés là, c’est que ça doit pouvoir aller), j’en reviens à Call Of Duty Black Ops! Bien dommage que LE JEU soit interdit aux moins de 18 ans, parce qu’avec une chronologie bien sentie, un petit questionnaire et une petite discussion, et bien il aurait été un bon jeu sérieux.

Contrairement à Medal OF Honor, Tier 1, qui se contente, de te dire que si t’es afghan t’es qu’un gros méchant, Call Of Duty Black Ops, voudrait dire bien plus mais une fois plus comme le monde est réparti en cases bien définies, il restera un jeu de tir.

Alors arrêtez un peu de saoûler le monde avec de grandes digressions sur le jeu. Je ne dirai pas qu’il faut absolument être un gamer pour s’aventurer sur le sujet, je dirai juste qu’il faudrait un minimum savoir de quoi on parle. Un jeu sans Gameplay, ou avec un gameplay qui favorise tout sauf l’immersion, ce n’est plus un jeu depuis le temps de l’Amstrad. Alors si vous voulez aider Cindy, et bien faites des jeux qui soient d’abord des jeux, on verra après pour le côté serious! déjà en commençant par ce qui intéresse Cindy on aura fait un premier pas.