Tu pues le cambouis, sale technicien!

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Ou du bonheur d’être détesté par ses pairs!

Dans l’éducation nationale, il y a un gros défaut à ne pas avoir! Il est possible de se la couler douce (voire de ne pas en ramer une), possible d’arriver en retard, possible de prendre des stages bidons pour ne pas faire cours! Mais il est impossible d’être  technicien. Et là, le lecteur enseignant se dit: « ah oui, l’institution est responsable de cet état de fait » ou encore « l’intégration des Tice est un réel problème dans l’Education nationale, faute de moyens et de formations ». Et là mon pauvre lecteur enseignant, je dis, tu te plantes, te mets le doigt dans l’oeil (je suis un peu blasé aujourd’hui donc je n’irai pas plus loin); Car le réel problème c’est toi! (enfin pas toi puisque si tu es en train de lire tu sais bien que je  je ne parle pas de toi mais de tes collègues qui regardent ‘Plus belle la vie’ au lieu de me lire).

Parce que l’institution, elle, elle l’aime le technicien, et elle veut le garder. Il bosse pour pas un rond, il est content quand on achète un disque dur, et il ne réclame rien parce que de toute façon il n’a pas le temps de remplir des feuilles à la con pour réclamer des heures. Donc l’institution, elle n’est pas responsable.

Les vrais responsables ce sont les enseignants, et plus particulièrement deux types d’enseignants.

Le branle manettes et le pedagoquatoutlu! Et ces deux personnages détestent le sale technicien pour des raisons bien différentes mais bien semblables:

1-keskildit: Le sale technicien, il a un gros problème, il ne parle pas comme les autres. Quand on lui dit « Charles Albert est trop pénible, je ne sais plus quoi faire » (à noter que Charles Albert peut être traduit par Djamel, Jason, Brenda….), il répond pourtant il a son B2I (non ce n’est pas un boys band) depuis la cinquième. Et là le sale technicien, il passe pour un gros con, parce que savoir se servir d’un PC, c’est pas ça qui va l’aider le pauvre Charles Albert qui a pris un zéro quand par accident il a tutoyé son prof de maths (ben oui Charles Albert, il l’aime bien son prof de maths alors des fois ça lui échappe le tutoiement). Et quand le pedagoquatoutlu, éreinté par toute sa réflexion de la journée confie que le cas de Charles Albert ne correspond pas à la typologie de Glurbtz (célèbre chercheur en sciences de l’éducation lu par lui et trois copains), le sale technicien dit qu’il met ses compétences informatiques au service d’une production collective, ce qui est un item majeur du B2I (  Et qui correspond à l’invariant pédagogique n°21 de la pédagogie Freinet, ce que ne relèvera pas le pedagoquatoutlu parce qu’avec toutes ses lectures, il ne pas en plus chercher si cela correspond à ce qui dans la vraie vie pourrait correspondre à ses lectures).

2-J’ai pas que ça à faire:

la deuxième raison pour détester le sale technicien, c’est qu’il propose des solutions. Et dans l’Education nationale, une solution, ça veut dire qu’il faut changer! Changer! Et changer c’est mal parce que ça peut vouloir dire que ces foutus statuts des années 50 pourraient être remis en cause.  Alors c’est bien beau ton serveur qui permet de distribuer du travail individuellement à chaque élève, mais je ne vais quand même pas passer mes soirées à scanner mes fiches pour lesquelles j’ai déjà passé des heures de collage (et oui  le copier coller, c’est d’abord une technique manuelle très éducation nationale). Et ben oui, le sale technicien, il n’est pas aimé parce qu’avec son nouveau gadget, ça va obliger coconne à faire des fiches numériques au lieu de regarder « Plus belle la Vie » et concon à ne pas lire le professeur  Gratalupkef, qui , en spécialiste des neuros sciences, vient de découvrir que le cerveau adolescent n’est pas fait pour supporter des cours chiants! (Pour ne pas être taxé de sexisme, je confirme que l’on peut tout à fait inverser les rôles de coconne et concon).

3-Comment je vais justifier mon échec maintenant?

Ben oui, si jamais le sale technicien avait une idée qui permettait de changer les choses! comment faire pour justifier la glande! parce que le cercle infernal veut que, l’élève est intenable, donc le cours se passe mal! Donc si le cours s’est mal passé, branle manettes et pedagoquatoutlu doivent se détendre en regardant plus belle la vie ou en lisant un livre d’un gars qu’a tout compris sans avoir jamais vu un élève. Et donc, comme il aura passer tout son temps à ça, le prochain cours, qui n’aura pas changé, se passera toujours aussi mal! Et donc il aura bien plus de temps pour se livrer à ses activités favorites. La boucle est bouclée.

Alors le sale technicien, va se prendre plein de méchants trucs dans la tronche par ses pairs! ça commence par, avec tes cours en sale info, ils n’ont pas de meilleurs notes qu’en classe (Je précise aussi que ces deux personnages n’ont pas compris que la salle info était aussi une salle de classe mais qu’ils la perçoivent comme l’antichambre des jeux vidéos).(seconde digression: S’ils apprenaient que j’adore trucider des zombies, assassiner des templiers, et faire la chasse aux méchants dans le dernier Callof, ça justifierait d’autant plus l’opposition). Oui, mais ils sont contents de venir, n’est-ce pas déjà une grande chose!

Il se prend aussi des grandes phrases du type: « un enseignant qui peut être remplacé par un ordinateur devrait l’être ». Je ne sais plus si la phrase vient d’Asimov ou de C.Clarke (de toute façon, ils penseront qu’elle vient d’un autre pedagoquatoutlu). Alors que le sale technicien, ce qu’il pense, c’est que coconne pourrait bien être remplacée par un ordinateur et devrait l’être (comme ça en plus les élèves ne se taperaient pas sa voix de crécelle).

Alors au final, le sale technicien, il est sale parce qu’il pue le cambouis. Et puer le cambouis c’est pas bien. A quoi ça sert de savoir faire marcher un logiciel ou encore pire, de savoir démonter un PC? A rien si ce n’est à faire en sorte de varier les situations pédagogiques. Et le sale technicien, en réalité, si on le déteste, c’est parce que quand il regarde une machine avec un air ravi dans les yeux, c’est qu’il pense que derrière ça, ses élèves vivront le cours autrement. Alors certes, il ne va pas citer de grands auteurs spécialistes de la pédagogie. Peut être pour la simple et bonne raison qu’il n’a pas le temps parce qu’il cherche des solutions concrètes à des problèmes concrets. Pire que tout, il cherche même pour les autres disciplines ce qui pourrait être utile. Il se trompe parfois, il s’égare, séduit par la technique. il est aussi parfois acerbe parce qu’il voudrait absolument que tout le monde profite et se désespère de voir coconne ne pas arriver à faire l’appel en ligne qui prend deux clics.

Et ce sale technicien, qui pues le cambouis quand il a des idées pour le boulot et bien bizarrement, il a une odeur plus douce quand le pc du fiston a un problème et que l’on ne sait plus quoi faire. Le cambouis, ça pue seulement au boulot?

Ben oui, la technique ne remplace pas la pédagogie! mais le monde change et aujourd’hui la pédagogie ne saurait se passer de technique. Alors toi qui lit un sale technicien (je confesse avoir passé un temps inoui à lire un manuel sur les bases mysql) et qui comprend ces quelques lignes, merci d’avoir tenu quelques lignes. Et toi qui est en train de comprendre que le sale technicien voudrait remplacer les profs par des ordinateurs ou des logiciels, relie une fois pour voir, on ne sait jamais, des fois que tu pourrais te faire un avis sans adopter l’avis d’un autre.

Et le pire c’est que ça existe à tous les niveaux de l’institution pas seulement chez les collègues. Quand tu maîtrises la technique ça se voit et bizarrement aux yeux de tout le monde ça efface toutes autres qualités. Non parce que quand même, y’a pas grand besoin d’intelligence pour maitriser hein (ni de sérieux, ni de travail)? Et pis, il pourrait faire peur avec toute sa technologie et pis on n’est même pas sûr qu’il puisse adapter son discours aux pauvres mortels. Dans l’éducation nationale, quand on parle technique, on dit ce n’est qu’un outil. Oui ceux qui le disent sont aussi ceux qui voient la craie comme un outil (j’ai piqué cette phrase à quelqu’un). Voilà pourquoi on n’est pas sorti des ronces. Par contre le technicien, ça dérange personne de l’appeler au secours.

32 réflexions sur « Tu pues le cambouis, sale technicien! »

  1. Mais qu’ils aillent se faire foutre, les branle-manettes, concon et compagnie !

    Et quand ils auront besoin de toi pour faire fonctionner leur logiciel à la con, dis leur d’aller voir chez mémé ! Et quand les ordis seront plantés, dis leur un peu que t’as pas le temps, que tu dois faire une étude de cas importante sur plus belle la vie, et que tu verras l’an prochain si tu peux faire quelque chose (quand on t’aura payé toutes les heures que tu as faites à titre gracieux pour faire marcher les machines qu’ils utilisent pour imprimer leurs photos de vacances aux frais du bahut).

    Et surtout il faut bien qu’on se dise qu’on s’aime, qu’on est les meilleurs et que s’ils veulent bosser comme des nases, c’est leur problème, pas le notre : serrons-nous les coudes, nous sommes sur le bon chemin et laissons les copier coller éternellement les mêmes conneries.

    On est en train d’inventer quelque chose, et on est dans le vrai, et tu sais où on peut le voir ? On peut le voir dans les yeux de nos élèves ! On peut l’entendre à la fin des cours quand ils soupirent « oh non, on peut pas rester une heure avec vous plutôt que d’aller se faire chier avec concon ou pétasse avec ses méthodes à la papa »

      • On a ramassé vendredi un collègue pleurant dans la salle des profs après s’être sorti les tripes pour monter un spectacle pour et par les élèves… que du bonheur de la part des élèves, ils rayonnaient de bonheur, et pourtant il y avait pas mal d’habitués du mercredi après-midi, voire pire…

        Et le collègue s’est fait bâcher par concons et conconnes, qui ne font jamais rien, ne prennent jamais de risque… parce qu’il y avait quelques (petits) bugs d’organisation.
        Et ces crétins rigolaient pendant le spectacle quand leurs élèves qu’ils ne surveillaient pas faisaient le souk.

        Il n’y a pas que les techniciens qui en prennent plein la tête !

        • A noter que la personne ressource (en tout cas celles que je connais), se retrouve souvent à organiser aussi ce genre de choses et accepte aussi sans problème la DP3, les classes relais, l’organisation de tel ou tel évènement! Effectivement, ce genre de situation n’est pas réservé aux sales techniciens!

  2. Avant dernier paragraphe : « …relie… » Relier quoi ? Relire, plutôt :-))
    Quel est le rapport entre : pédagogue, enseignant, technicien, éducateur… ?
    On fait tout ça quand on est prof : on bidouille… On est les Bricolos du MEN.

  3. Billet ultra-réaliste, mais tu as oublié deux ennemis du technicien :
    -le formateur TICE, souvent dépassé, quelques fois véritable VRP, le formateur TICE n’apprécie guère le technicien. Pourquoi ? Parce que le technicien en connaît plus que lui et que lorsqu’il dit une connerie il est le seul à le voir.
    -l’informaticien, lui l’informatique c’est sa spécialité ! Il s’y connaît beaucoup plus que le technicien, et le lui fait sentir. Il ne comprend pas pourquoi le technicien se prend la tête à essayer de faire un truc tout seul au lieu d’utiliser le logiciel tout prêt qu’il lui propose d’acquérir.
    Et c’est là que je ne te rejoins pas Stéphane, sans pédagogie le technicien n’est rien. Tel Batman qui ne peut choisir entre son identité d’homme chauve souris et Bruce Wayne, le technicien se doit d’être double-face (les amateurs du genre apprécieront le clin d’oeil). Sans pédagogie, la technique n’est rien. La technique se doit d’être au service de la pédagogie, et non l’inverse.
    Tu as omis également de souligner un dernier point : le technicien est en voie de disparition. Les pionniers l’étaient tous… Aujourd’hui combien en reste-t-il ? Le web 2 a fait exploser les clivages entre les techniciens et ceux qui ne l’étaient pas… Aujourd’hui les profs peuvent aisément s’affranchir de la technique. Est-ce un mal ? JE ne sais pas… En tout cas, cela nécessite une redéfinition du rapport au TICE : autrefois on formait à l’utilisation des TICE, désormais il faut former à leur usage. Quelle plus-value les TICE apportent-ils à ma pédagogie ? Telle est la question…
    Dernier point, les techniciens sont dans l’oeil du cyclone. Le dernier plan numérique annoncé par notre ministre le montre : les cartes sont désormais du côté des professionnels de l’informatique (y’a qu’à voir à Educatice…). Espérons que les techniciens seront appelés à leurs côtés pour parler, …, de pédagogie ;°)

    • Je suis bien d’accord puisqu’à aucun moment je n’ai dit que la pédagogie n’était pas au centre! par contre pour ce qui est de l’affranchissement de la technique, je ne suis pas d’accord, même les services web 2 nécessitent une base.. La pédagogie est bien au centre, le seul soucis c’est que l’on voudrait interdire à ceux qui maîtrisent la technique d’être aussi des pédagos.

      • Quelle technique y a-t-il à ouvrir etherpad ? Quelle technique y a-t-il à créer un quiz avec MyStudiyo ? Tout ce que l’on faisait hier avec des logiciels complexes installés sur sa bécane, on peut le faire en un clin d’oeil. Ce qui le prouve d’ailleurs, c’est qu’aujourd’hui bien souvent, ce sont les élèves qui utilisent les TICE pour produire et moins les profs. Pourquoi veux-tu que les profs se prennent la tête avec la technique ? A part 2 ou 3 allumés perfectionnistes comme toi ou moi, qui veut se prendre la tête avec de la programmation en flash, java, html, php, …, ???
        Regarde dans les colloques, les conférences, …, ce n’est pas toi qui a bidouillé comme un damné pour mettre en place Ubuntuhg, qui est mis en avant. C’est celui qui utilise Tweeter en classe… La « technique de base » aujourd’hui, c’est l’usage…

        • Il n’y a pas des masses de techniques maus je suppose que @frompennylane en a bavé aussi avec la vision de certains de ses collègues! Et quand bien même en at-elle convaincu, il a fallu les former. Quand je dis technique, cela signifie aussi cela, utiliser un service simplissime pour nous, mais il faut se dire que c’est pas si simple pour tout le monde.

          • Désolé Stéphane, y’a une différence. A ton môme tu lui apprends à faire du vélo, pas à régler son dérailleur. S’il le désire après tu peux lui montrer. On a formé les collègues pendant des années à la technique, sans résultat. Comment faire un site Internet avec Dreamweaver 2 ?
            C’est normal. Aujourd’hui, le web 2 nous permet de passer au-delà et de former aux usages. La technique n’est plus une obligation pour utiliser les TICE. J’en ai pas mal parlé avec Laurence, elle l’avoue elle-même : ce n’est pas une technicienne.

          • Je crois qu’il y a là un problème de sémantique! @frompennylane connaît les rouages de Twitter, c’est pour moi une donnée technique quand même! Combien de collègues pourraient l’utiliser sans qu’on leur explique? C’est idem quand je parle du serveur! ce n’est pas technique que de déposer un fichier sur une session élève, c’est bien un usage. Mais cela nécessite de connaître quelques manipulations. On va dire que derrière le mot technique je mets souvent des usages. Par usage j’entends habituellement ce que l’on en fait pédagogiquement, ce qui pour moi est autre chose que la simple utilisation.

          • @hgv85 : Les techniciens dans les bahuts sont irremplaçables pour la maintenance des réseaux et du matériel, la vision globale de la politique d’équipement et l’accompagnement pédagogique au quotidien.
            Le problème c’est que technicien réseau c’est un métier et que l’éduc’ nat’ préfère offrir généreusement quelques HSE à des profs au lieu d’embaucher des gens. (D’ailleurs certaines collectivités territoriales y réfléchissent sérieusement, vu que c’est eux qui payent le matériel 🙂
            On est quand même la seule « entreprise » ou on peut inventer un truc pareil.
            T’imagines, la caissière du supermarché qui ferait des HSE pour administrer le réseau informatique ?

            Rien que le fait que des « cambouisards » existent dans les établissements devraient leur valoir un minimum de respect…..

          • @Mila : désolé, je crois qu’on s’écarte un peu du sujet : je n’ai pas dit qu’il ne fallait pas de technicien. J’en suis un, je ne vais pas me faire Hara-Kiri ;°)
            Je dit juste qu’il ne faut pas se tromper de problème. Être technicien c’est un choix, on peut tout à fait aujourd’hui faire utiliser des TICE en classe sans l’être (je persiste et je signe d’autant + fortement que j’en connais bcp qui sont dans ce cas, ma collègue de latin vous salue). Dire qu’il faut des techniciens dans un bahut pourquoi pas… Mais je pense surtout, vu la complexification du matériel et des logiciels, qu’il faut des professionnels qui gèrent les affaires courantes qui nous empoisonnent la vie.
            La technique ne m’intéresse que s’il y a une plus-value pédagogique : faire joujou avec le fer à souder, désolé c’est pas mon truc…
            Le problème c’est que les professionnels doivent absolument être en contact avec les enseignants, ce qui n’est pas le cas et même pas encouragés…

          • Là dessus je suis bien d’accord avec Cyril, les personnes ressources se passeraient volontiers de tout ça! encore que pour nuancer un peu mon billet, il y a des cons partout et certains s’accrochent à ce rôle! Mais Cyril, tu sais bien que ton souhait, il est réalisable pour le moment seulement dans le monde des bisounours et que la seule solution pour le moment, c’est les bonnes volontés! Imagine un peu que dans n’importe quelle boite privée, passé une trentaine de postes et quelques serveurs, on a une personne à plein temps! Je ne crois pas que le contexte actuel soit à l’embauche d’un réel technicien par bahut! Et puis pourquoi payer quand dans la majorité des bahuts, ça tourne quand même (mal certes) presque gratuitement

  4. En complète solidarité avec toi 🙂 pour avoir été pendant 10 ans personne-ressource dans un bahut.
    Quand j’ai quitté cet établissement au bout de 15 ans, par mutation, sans un merci ni un bouquet de fleurs, je me suis sentie soulagée. Parce que malgré l’équipement pharaonique que j’avais aidé à faire installer, les heures de formation aux collègues (administration, enseignants, ATOS) qu’elle soit formelle ou informelle, les retours au bahut le 20 août pour que tout soit nickel le jour de la rentrée et la lutte perpétuelle contre les « c’esttropcompliqué », les « jaipasqueçaafaire » et les « çasertàquoitoutça »….. j’avais l’impression d’avoir passé une bonne partie de ces dix années à pisser dans un violon (ou un violoncelle, ça marche aussi). Heureusement qu’il y avait Kévin et Jessica. Eux, je les regrette vraiment et je pense que c’est réciproque pour une bonne partie d’entre eux.
    Moi, à tous ces collègues qui se servent de nos compétences tout en les méprisant, j’aurais bien envie de leur dire que ….. (Oui, M’man, je sais j’ai promis de ne pas dire de gros mots……), mais, je peux pas, ma mère veut pas.
    Merci de l’avoir fait !

  5. En plus le technicien, il est chiant, il sort un fer à souder et répare au lieu de commander une nouvelle imprimante. Soit disant pour faire des économies… ! (Tu sais qu’un jour on me l’a vraiment reproché !!!)

    Ah, j’oubliais aussi…. mais c’est normal que tu n’y aies pas pensé. Des fois, le technicien est UNE FILLE.
    Donc, non seulement elle est chiante avec son cambouis, mais en plus elle ne peut pas être compétente !

  6. Salut Ticeman,

    je ne me retrouve qu’en partie dans ton billet, c’est sans doute mon côté oui-oui qui me fait refuser cette vision de collègues opposés et contradictoires, mais j’ai bien relu et j’ai bien compris que c’était de la caricature.
    Alors pourquoi cette gêne ? Parce que je ne désolidarise pas les apports de la pédagogie et ceux des Tice, toi non plus je sais, mais j’aime bien lire des pédagos comme fouiller sur le web pour bricoler des pages web ou paramétrer des logiciels ou des services web. J’ai l’impression de me reconnaître dans le pédagogo décrié, dans le technicien bricoleur (sans égaler vos compétences), et dans le formateur tice décrié également dans les commentaires. Bon je ne me retrouve pas dans le prof anti-tice, c’est déjà ça 😉
    Qu’importe.
    Je rajouterai deux choses :
    * un dada : je trouve dans le web 2.0. des outils qui permettent de mettre en oeuvre une pédagogie socio-constructiviste
    * une expression qui m’agace (puisque c’est la tonalité du billet ;-)) : il faut utiliser les tice avec du « recul, des précautions, avec un usage réfléchi ». C’est un leitmotiv dans l’Education Nationale et de nombreux collègues. Ben oui, c’est tellement évident, comme pour tous les outils qu’utilisent les profs ! Je réponds généralement qu’il faut aussi utiliser avec beaucoup de recul, de précautions et un sacré usage réfléchi le cours dialogué et l’évaluation par notes…
    @+

    • Moi aussi j’aime bien lire les pédago! Mais ça n’aurait pas collé avec le ton du discours d’en parler! Pour le socio-constructivisme, j’en parlerai dans un billet en préparation, d’ici peu! Et pour les notes je te laisse faire avec Milasaintanne

    • Je trouve que ce que tu es un peu en contradiction avec le texte : tu dis bien que tu aimes lire les pédagos, fouiller sur le web pour bricoler, etc…

      La personne qui est décrite ici (je veux dire dans le billet) ne correspond pas du tout à ça, puisqu’il s’agit d’une personne qui se cantonne à l’étude livresque sans se confronter à la réalité.

      Pour ma part, il y a tout de même une phrase (du billet) avec laquelle je ne suis pas d’accord : « la pédagogie ne saurait se passer de technique ».
      Je pense que si, elle peut… que certains profs peuvent faire de l’excellent boulot, sans faire appel à la technologie. Mais qu’ils doivent comprendre que les élèves doivent avoir accès, dans leur formation, à cette technologie.

      C’est à dire que le prof qui enseigne intelligemment sans technologie doit aussi accepter intelligemment que d’autres enseignent intelligemment avec la technologie (moi, je fais des répétitions ?).

      Et tout ça ne peut se faire sans une profonde réflexion pédagogique. Personnelle, livresque, collaborative… l’une n’excluant pas l’autre (le collaboratif faisant que celui qui est un peu plus « livre » et celui qui est un peu plus « cambouis » puissent tous les deux avancer intelligemment en confrontant leurs points de vues).

  7. Et une petite prof-doc pointe le bout de son nez…
    Je me suis retrouvée dans ce billet, mais quelques années en arrière dans un autre bahut, où non seulement j’avais la moitié de l’âge moyen de mes collègues, mais en plus j’étais prof-doc et j’aimais cette chose affreuse qu’on appelle Tice. J’ai déménagé, commandé, installé… La fumée sortait par les fenêtres de ce CDI vieillot. Grâce aux animateurs de secteur de mon bassin, un SE3 est arrivé, un SLIS, GIBII, BCDI en intranet et surtout j’ai pu mettre en place un CDI avec une salle de formation annexe de 12 postes en dual boot. Quel horreur ! Mes collègues, au demeurant charmant, me prenait pour une folle et me regardait d’un air désabusé. J’ai essayé au début d’initier, de former… J’ai vite baissé les bras, car non seulement je suis un femme qui se balade avec un couteau suisse dans son sac, mais en plus je suis prof doc, comment cette personne, sensée couvrir des livres, pourrait expliquer aux autres collègues comment enseigner avec les TICE…
    Et puis j’ai muté, et je suis maintenant dans un petit collège de ZEP où je suis presque la plus vieille, et là je m’éclate : les salles infos sont bookées, les vidéoprojecteurs ne sont pas assez nombreux pour répondre à la demande, les collègues sont perdus quand il y a une panne serveur (c’est rare ! :-))
    On innove, on expérimente tous les ans des choses nouvelles, on reconduit ce qui fonctionne et arrête ce qui ne nous satisfait pas.
    J’ai toujours mon couteau suisse, je suis toujours PR (sans AS malheureusement!), et je suis toujours prof-doc mais complètement reconnue dans mes fonctions, et quand je propose un nouveau truc, on m’écoute et je sais qu’il y aura toujours quelqu’un qui le testera avec ou sans moi!
    Bien sûr, j’ai un ou deux collègues un peu récalcitrant, mais il faut bien des exceptions…
    Et cerise sur le gâteau, j’ai droit à des fleurs, des bonbons planqués dans mon casier, un café apporté avec le sourire, un merci… parce que j’ai sorti mon couteau suisse ou que j’ai déniché l’application que le collègue cherchait !
    Tous les établissements sont différents, celui-ci est loin d’être un modèle, mais je sais qu’il me sera difficile de retrouver ça…

  8. Cher ami, ton billet m’a rappelé bon nombre de situations dans les différents établissements que j’ai pu fréquenter ces dernières années. Privilège du TZR 🙂
    Ce qui me choque toujours c’est finalement la vision en casiers. Chacun doit être dans sa case, sans bien entendu en sortir ou envisager un trou pour se glisser dans une autre. Je précise qu’il n’y a rien de sexuel dans ce que je raconte. Même si cela reste compatible. Bref.
    Des casiers donc. Si l’un est professeur de lettres classiques, l’inconscient collectif semble vouloir le figer telle une statue de la Rome antique. Le voir en salle des profs avec son Mac provoquera moultes crises cardiaques ou bien remarques perfides (« t’es à quel échelon toi polir t’offrir ce genre de truc? »). A l’inverse, le prof de techno semble être voué à la chose physique (idem que tout à l’heure, hein) sans qu’il ne puisse s’envoler vers les hautes strates de l’orgasme intellectuel, en l’occurrence, les humanités (bon, ok, le sexe marche aussi).
    Cette vision segmentée participe d’un modèle de pensée à vomir. Sorte de bâtard entre le matérialisme et un libéralisme mal digéré, le tout baignant dans une sauce « Ecole du XIXème » ayant tournée au vinaigre. Alors même que le trans-disciplinaire (toujours rien à voir avec le kiki, hein), le pluri-disciplinaire (ibid.) et le duo compétences/connaissances sont dans l’air depuis quelques années déjà.
    Cette inertie me fatigue. Me désespère parfois. Érode des idées folles. Mais elle aiguise aussi mon envie d’aller de l’avant. En mêlant technique et pédagogie. L’outil allumant mon imagination. Mon imaginaire pédagogique rêvant de certains outils. La valse entre le technicien et le pédagogue se fait alors à mille temps. Bien loin des temps éculés, mais pourtant encore trop présents, de la salsa des casiers.

    Ps : désolé, je n’ai pas pu m’empêcher de partir en sucette sur la fin (rien de sexuel, bis) avec une péroraison digne d’un flan pâtissier.

  9. Juste une petite remarque du geek fatigué, sous forme de j’aime, j’aime pas, qui n’a toujours pas éteint son ordinateur portable qu’il a eu le malheur de réparer….
    J’aime le cambouis des serveurs, des cartes mères, l’odeur de la pâte thermique qui adhère parfaitement au dos du ventilo.
    J’aime les machines, qui marchent pas, les pages qui ne s’affichent pas…
    J’aime accompagner les élèves mais surtout pas être le maître du monde sidéral de l’Histoire Géographie de la salle de cinq mètres sur quatre…
    J’aime être à la marge, parce que du centre, on voit moins bien les gens qui nous entourent.
    J’aime être pris pour un fou azimuté qui semble vivre et respirer TICE du matin au soir et qui ne voit pas la fin tragique de l’Education…
    J’adore les livres, le papier
    Je déteste les cases, parce que j’en perd de plus en plus…
    Je déteste les cases, parce que c’est trop facile
    Je déteste les discours alambiqués qui ne sont là que pour montrer la supériorité de celui qui les a écrit.
    J’aime follement ce billet (et n’y voyez rien de sexuel!)

  10. Bon allez je dis rapidement ici ce que j’ai écrit ailleurs en 14O caractères : je sais que ton billet est de l’ordre de la caricature et, hélas, tes personnages caricaturés existent. Mais heureusement ils sont exceptionnels. Ceci dit dans ces oppositions qu’on entend en salle des profs, j’y lis surtout de la peur :
    – peur de perdre la main, la face, devant d’autres qui savent mieux faire (et surtout les élèves). Le prof passe de « celui qui sait » à « celui qui sait pas bien faire ». Y’a de quoi flipper et en vouloir à celui qui sait faire !
    – peur de perdre du temps : tu le sais, toi, le temps qu’on passe à apprendre à se servir de tout ça ! Et ce n’est pas que ça : se voir envahir par le boulot à la maison, les fichiers à lire, les messages échangés avec élèves et parents, les notes à remplir, sans parler du cahier de textes…
    – peur de perdre le contrôle dans les relations avec les élèves : la relation virtuelle est moins facile à gérer que la relation de visu à laquelle nous sommes habitués.

    Et je ne te parle pas du changement dans la pédagogie qui va avec ! (enfin si un peu au début).
    Ni de la peur de ce que véhicule internet comme méchants dangers hyper menaçants.
    Ni de la peur d’un avenir dans lequel auront disparu toutes les choses auxquelles nous (oui oui même nous) tenons : les livres en papier, les cahiers, les vraies relations humaines, tout ça tout ça…
    Et pis y’a des gens malpolis aussi, quelle que soit la situation.
    Alors je sais que c’est énervant, je sais que toutes ces peurs, toutes ces attitudes irrationnelles ajoutées aux méchancetés plus élaborées, ça fait beaucoup pour celui ou celle qui se casse le (tûûûûût !) à faire fonctionner le matériel dont finalement presque plus personne ne peut se passer, mais voilà : ne caricaturons pas et ne mettons pas tout le monde dans des paniers trop séparés.

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