Le mauvais fils (ou comment tu crois que t’as foiré un truc alors que t’as réussi)

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Bon la quarantaine approche! en même temps je m’en fous un peu je me suis jamais senti aussi jeune. Une nouvelle vie professionnelle, une nouvelle vie sentimentale, une nouvelle vie tout cours!

Alors pourquoi j’écris ces lignes. Ben je rentre chez moi après une très longue journée, et là, je me rends compte que j’ai besoin de parler à quelqu’un.  Je pourrai appeler ma chère et tendre, mais non c’est pas le quelqu’un en question! En fait je voulais parler à Maman.

C’est bizarre la vie, des fois t’as plein de gens autour de toi à qui parler et tu parles pas et la seule personne à qui tu voudrais parler, elle existe pas. J’ai plus de maman depuis quelques années déjà. C’est la vie, enfin la mort, enfin la maladie et tous les trucs pas drôles qui vont avec.

Je rentre ce soir, et comme souvent, je me pause en me disant, putain mon gars, la journée de merde. Enfin pas tant que ça, je ne vais pas épiloguer mais finalement une journée pas terrible. Habituellement, j’allume ma console, je crame quelques ennemis de tous bords, et je reprends ma vie de prof. Et là, rien. Bon alors je réfléchis sur ma journée (et réfléchir, c’est pas le truc qui me caractérise le plus). D’habitude, j’aurais appelé mon amoureuse et j’aurais dit putain de journée pourrie. Ben là j’ai même pas envie de me plaindre. J’ai juste envie de savoir si ma vie elle est pas naze.

Ma mère elle disait toujours, « ta vie, elle est réussie quand tu fais ce que tu as envie de faire ». Enfin bon je sais pas si c’est le conseil suprême parce qu’elle disait aussi, « la côte de porc c’est bon pour toi ». Bon avec mes kilos je suis pas sûr. Ben oui Maman je fais ce que j’ai envie de faire, mais je me pause toujours la question.

parce que faut bien avouer que je suis pas le fils idéal. outre mon adolescence difficile, mon comportement de pré-délinquant et la  masse de connerie que j’ai pu accumuler, j’ai aussi été le mauvais fils à la fin. Parce que quand on m’a dit que c’était la fin et ben j’ai pas top assumé et j’ai refusé de voir ma mère diminuée. Ben ouais ma mère, c’est ma mère, et c’est elle qui a tout assumé donc elle peut pas être diminuée. Si je résume, j’ai laissé ma mère mourir toute seule. Et ben deux jours avant la fin, au téléphone, elle m’a dit, « réussis »! Ben merde, en vla un challenge! et parfois, je rentre chez moi, et je me pause cette question: est-ce que j’ai réussi!

Parfois, je voudrais encore avoir une maman pour savoir ce que c’est réussir. Je pense réussir professionnellement (encore que l’institution n’est pas très reconnaissante, j’espère réussir amoureusement, je pense réussir personnellement). Mais c’est quoi « réussis ».

Ben des fois, je voudrais encore avoir ma mère, juste pour dire, j’ai fait Presque tout ce que tu voulais, PRESQUE! Je suis peut être pas un bon fils mais je crois que je suis bon quelque part! enfin j’espère mais ceux qui pensent le contraire sont de mauvaises mères!

3 réflexions sur « Le mauvais fils (ou comment tu crois que t’as foiré un truc alors que t’as réussi) »

  1. Billet très émouvant. L’accomplissement, voilà un véritable projet de vie. Et comme l’affirmait Aristote, c’est seulement au seuil du trépas que l’on pourra, en regardant le chemin parcouru, constater si la route fut conduite à son terme. Quelque soient les culs de sac, les chemins de traverse et les nids de poule.

  2. Moi qui suis aussi une maman, je crois que j’aimerais bien que ma fille elle écrive un jour (dans très longtemps, si possible, j’ai un tricot à finir) quelque chose qui ressemble à tout ça. Je dis bien « à tout ça ».
    Ça voudra dire que j’ai bien fait mon boulot. Et j’aime bien le travail bien fait.

    Je sais pas ce que mon avis vaut sur tout ça, mais je confirme : Ticeman, il a réussi à être un mec bien.

  3. Touché mais pas coulé. En écrivant ces mots tu as fait preuve de courage et je t’en félicite. Face à la perte des personnes proches on ne réagit pas toujours très bien et l’on est parfois si fragiles que l’on préfère se voiler la face et fuir. Plus on avance et mieux armés ns sommes en principe face aux choses de la vie. Tu étais très jeune alors et cela ta maman l’avait sans doute compris pour t’encourager ainsi de la plus belle des façons. Nous avons tous des regrets dans ce domaine , enfin je crois. Moi aussi je n’ai pas été très à la hauteur face au décès de mon père. C’est il y a dix ans et j’ai fait le minimum syndical. Je n’ai compris qu’après que notre mauvaise relation venait surtout d’un certain handicap de sa part (et de la mienne) quant aux relations humaines. Je suis sûr que ta maman serait très fière de toi si elle te voyait maintenant.

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