Comme des larmes dans la pluie (ou comment rien ne changera)

Je vais pas me refaire, on va attaquer par une petite vidéo pour se mettre dans le bain. Vla bien  quelques mois que je n’avais rien écrit, rien pensé peut être diront certains. Ma vie a changé, sur bien des points, je n’avais, peut être, juste pas le temps ou alors la constipation bloguienne était-elle liée à une longue digestion.

httpv://www.youtube.com/watch?v=Tzs-0fBnm3g

J’ai réfléchi bien longtemps à ce billet de départ. Comme l’émotion, c’est un truc que je connais pas, je ne pouvais pas écrire  un billet de départ triste. Comme le rire m’est aussi étranger, je ne pouvais pas faire le clown. Alors comme Partir c’est Mourir un peu, fallait bien un peu de réflexion (remarquez, mourir c’est partir beaucoup et ça évite de faire un billet).

On va pas s’étaler sur les raisons du départ (elle est en train d’installer son nouveau site à deux mètres de moi et un étalement conduirait à un bug). On va pas s’étaler non plus sur ces 11 années de ZEP,RAR,ECLAIR. Y’a bien assez de blogs pour se plaindre de la baisse du niveau, du non respect des profs, des foutages de gueule de l’administration etc (en réalité des foutaises mais ça rassure tellement de croire que la lie de l’humanité est regroupée dans quelques établissements). Donc on va pas s’étaler.

La vidéo résume tout, J’ai vu des choses que vous humains ne pourriez imaginer. Et voilà, le billet est terminé vu que ces choses, je viens de le dire, vous ne pourrez pas les imaginer.

Ok, je me fous un peu de votre gueule. Mais non je ne ferais pas étalage de tout ça. Des armes, oui, de la came, très peu, des insultes envers les profs, des insultes envers les élèves…. Le catalogue de tout ce que vous voudriez bien lire existe. Mais je préfère vous laissez penser que c’est comme dans l’Esquive ou encore Entre les murs, ces petits films faits pour rassurer la société et quelques profs bien peinards que eux aussi ils pourraient. On est bien loin de tout ça. La vraie souffrance de certains profs ou élèves, il faut la voir pour ne serait-ce que l’imaginer. Étrangement, Esprits rebelles, cette merveille de film avec cette merveilleuse Michel Pfeiffer est plus proche du quotidien.

httpv://www.youtube.com/watch?v=U7GFLVzFVg4

Ok ça fait foutage de gueule. Ceux qui le pensent retournez à vos films d’intellos. Je vous épargnerai mon côté Miche Pfeiffer.  Ce film est magique parce que le héros ce n’est pas la prof, c’est le génie des gamins.La prof elle n’est là que pour montrer que c’est aux profs de s’adapter, pas aux élèves. Le monde a changé, il change encore et nous voudrions tellement que les élèves soient comme il y a 30 ans. Et oui, la ZEP n’est pas le regroupement d’élèves spécialement en difficulté scolaire, elle est la nouvelle humanité avec tous ses espoirs et ses défauts : laisser s’exprimer un capitalisme qui s’est imposé comme un modèle, une société basée sur le spectacle et la facilité, la perte d’identité de populations déplacées, un monde de l’immédiateté, de la rapidité, tout ça c’est le monde et c’est la ZEP. Tout le reste n’est que foutaise, le vrai challenge est de s’adapter à ça, pas de forcer le monde à revenir en arrière. Parce que tout ça a aussi engendré une vivacité d’esprit, une curiosité naturelle, une soif d’apprendre mais autrement, tout un lot de questions auxquels des programmes académiques ne répondront jamais.

Mais non, on préfère mettre en place des dispositifs qui se contredisent, se superposent, sans jamais voir que le phénomène s’étend puisqu’il n’est que le reflet du monde.

Alors ceux qui Refondent l’école puisque Refondation est le grand terme à la mode. Ne la refondez pas sur les vieilles fondations en train de pourrir. Le monde de ces élèves n’existe pas encore, ne faites pas l’école sur un monde qui n’existe plus.

Pour moi comme pour le Réplicant, il est temps de mourir. Je quitte tout ça sans regret, sans rancune, sans aigreur, sans même de nostalgie. Je pars avec des souvenirs qui ne disparaîtront jamais comme des larmes dans la pluie car j’ai vu des choses que vous humains ne pourrez jamais imaginer et JAMAIS ils ne s’effaceront.

Comme on me l’a fait remarquer lors de l’annonce de ma mutation, ça va te changer pour les intimes, ça va vous changer pour les officiels. J’ai toujours répondu à ça avec un petit sourire. Je n’ai pas souhaité partir pour que ça me change, j’ai souhaité partir pour que ça change ailleurs.

Mais l’école ne changera pas j’en suis à peu près sûr et c’est bien l’esprit du film. Quand le chasseur se rend compte que tout cela était une erreur il devient à son tour l’ennemi.

C’est bien difficile de dire au revoir à 11 ans de vie, mais je ne ferai pas mieux.

 

3 réflexions sur « Comme des larmes dans la pluie (ou comment rien ne changera) »

  1. T’as le chic pour attraper ton lecteur par les tripes toi.

    De toute façon regarder en arrière quand on veut aller vers l’avant, c’est le meilleur moyen de se casser la gueule.
    Je te souhaite (au moins) onze superbes années à venir, pleine de choses tellement humaines qu’on ne peut même pas encore les imaginer.

    Bon vent !

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