Si t’es pas agrégé t’es mal habillé! (ou comment supprimer un des maux du système éducatif)

Aller, je vais me faire plaisir comme d’hab car un billet sans vidéo c’est un peu comme un dindon sans farce. Je m’excuse à l’avance auprès de mes amis agrégés (Bien sûr que j’ai des amis)

httpv://www.youtube.com/watch?v=7LR6xhZdRJk

Bon c’est un classique mais comme c’est le film qui a lancé ma vocation, ça me fait plaisir. Alors avez vous retrouvé l’agrégé dans la vidéo? Non. c’est étrange, ça doit être surement parce que vous n’avez pas lu ça. Alors je me lève ce matin et même pas le temps de m’avaler un café et je tombe sur ce truc.

Donc si vous avez bien lu, un bon prof c’est quelqu’un de bien habillé ce qui lui apporte du sérieux et de la compétence. Donc l’agrégé c’est celui qui a le costume. Vous ne rêvez pas, ça existe encore.

Là je me crois revenu à l’époque de mon stage lorsque m’asseyant sur un fauteuil dans la salle des profs du collège-Lycée où je faisais ma pratique accompagnée, je me suis pris un méchant « c’est réservé aux agrégés ». La dame a pris un risque et a mal supporté ma réponse « Faire que 15 heures de cours ça donne des hémorroïdes? ». Et oui les fauteuils réservés aux agrégés ça existait et même des salles réservées. Mais l’éducation a un poil évolué et désormais cela n’existe plus alors la seule chose qui leur reste c’est ce genre de déclaration hors du temps où on fustige la chienlit!

Donc, venons en aux faits.

La société des agrégés critique la campagne de recrutement de Vincent Peillon. Soit elle peut être critiquable. Mais la critique porte sur le fait que la campagne présente des gens « cools », habillés en T-shirts. Et aussitôt ta brave dame associe cela à une faible maitrise des savoirs.

Tout d’abord il convient de préciser que l’agrégation est un concours qui se passe au même niveau que le Capes. Donc les savoirs universitaires sont les mêmes. Mais alors quelle est la différence?

La différence elle se fait sur les heures de cours, sur le salaire et  sur le type d’établissement. Et oui un agrégé, ça bosse moins (on y reviendra), ça touche beaucoup plus et en prime, ça a des points supplémentaires pour être affecté dans des établissements. Je résume un poil, l’agrégé est semblable au panda roux, ça dort beaucoup et ça mange beaucoup.

Mais comment peut on devenir ça? Deux moyens, un concours (assez dur cela dit) ou la liste d’aptitude (une sorte de système de cooptation d’ailleurs par d’autres agrégés). Après ça c’est tout bénéf, grosse paye, moins d’heures et moins de risque de tomber dans des établissements dits difficiles (il y en a tout de même).

Faudra qu’on m’explique ce qui justifie la différence de traitement. On bosse dans le même bahut, on fait le même boulot, on a fait la même fac (souvent l’agrégé a commencé par une classe prépa mais envisageant déjà de bosser moins que les autres il a échoué à la Fac). Bref, deux traitements, et c’est le premier mal de l’éducation nationale. Remarquez créer deux catégories de personnels c’est parfois pratique pour diviser la masse.

Si on reprend ensuite le discours de la dame, on ne trouve plus de profs parce que ceux qui veulent devenir profs sont avant tout des gens passionnés par leur matière, avec un raccourci étonnant, la preuve, ils  ne s’inscrivent plus au Capes mais par contre l’agreg a toujours le vent en poupe. Ce qui, je traduis la dame, veut dire que ceux qui passent l’agreg sont des intellectuels, les autres non. Rappelons, que les deux ont fait les mêmes études, mais que le certifié (CAPES) a fait ça pour le fun.

Alors on va expliquer à la dame! Si l’agreg a le vent en poupe c’est uniquement que c’est mieux payer pour un boulot moindre et bien des avantages. La démonstration est étrange mais ce n’est pas la seule.

Parce que l’interview précise aussi que le métier de prof est avant tout un métier de l’écrit. Alors là, je suis TOTALEMENT D’ACCORD si on résume le métier de prof à rester assis sur son siège à dicter un cours. Parce que cela aussi ça existe encore. Mais le métier de prof ce n’est pas ça. le métier de prof ça consiste à parler, parler: pour dire la connaissance (parce que même les certifiés le font dans tous types d’établissements), pour expliquer (parce que c’est bien beau de cracher son cours mais faut pas oublier Kevin qui n’a pas tout compris et Samantha qui pensait à Kevin), pour corriger, pour dédramatiser.,pour remédier… Bref le métier de prof c’est avant tout parler mais visiblement on ne doit pas faire le même métier.

Cela dit tant mieux parce que dire que le T-Shirt est inapproprié pour enseigner c’est un peu gros, et ça prouve quelque part que nous ne sommes pas du même monde.

Et oui parce que l’agreg c’est avant tout un état d’esprit. Pour beaucoup avoir l’agreg c’est être au dessus du lot c’est être un intellectuel. Et donc un intellectuel ça se distingue par la tenue face à la piétaille des certifiés. Passer un concours fait à ce point changer les gens ou alors serait-ce une certaine catégorie de gens qui passe ce concours. J’ai la réponse à ça. Parce que pour passer l’agreg il faut du temps, et du temps à ne faire que ça donc, si papa maman t’accompagnent bien, et te financent, ça facilite les choses. Pas facile de bosser en préparant ce concours, alors si t’as été obligé de bosser pour te financer l’agreg tu l’auras pas, et comme tu l’auras pas, t’auras que les moyens de t’acheter un T-Shirt. Bon je vois déjà le premier commentaire arriver à ce billet « ben moi j’ai eu l’agreg en bossant à l’usine en même temps » (y’a toujours un mec qui veut préciser  qu’il n’est pas dans le même lot que tout le monde). Je réponds d’avance à ce commentaire un disant Menteur ou emploi fictif dans la boite à papa, mais comme je ne fais pas que dans la caricature, je dirais aussi comme Didier Super Y’en a des biens…

httpv://www.youtube.com/watch?v=ODXOvPrCuUs

Pour finir, l’interview se termine par « Nous n’attendons pas autre chose que des professeurs experts dans leur discipline », et ben figurez vous que la société attends bien plus que cela et que les profs qui portent un T-shirt le sont aussi. Sachez que les agrégés (enfin ceux qui tiennent ce discours) ont la même formation que les autres, ils auraient juste besoin de s’éclater un peu et de découvrir la vraie vie. La société attend des profs dont la motivation est autre que toucher plus en bossant moins (ce qui devrait être le cas de tout le monde).

La Refondation, elle devrait revoir ça! La suppression de l’agrégation est une condition pour que l’école change car c’est ce genre de discours qui perpétue tous les dysfonctionnement du système éducatif. Pensez d’ailleurs que certaines catégories de profs n’ont même pas accès à l’agrégation. Il y a aussi de la sous piétaille, les profs docs. Est-ce parce qu’elles portent trop le T-Shirt? La société des agrégés pense-t-elle que les profs docs doivent se contenter de faire le café avant la récré?

Pour information, je vais bosser en costume et en T-shirt, ça mériterait une augmentation non?

43 réflexions sur « Si t’es pas agrégé t’es mal habillé! (ou comment supprimer un des maux du système éducatif) »

  1. Si l’agreg et le capes étaient au même niveau de savoirs, tous les capétiens passeraient l’agreg, bosseraient moins et gagneraient plus. Hors l’agreg est à un niveau de concours bien plus haut que le capes. Tout capétien n’est pas capable d’avoir l’agreg, la majorité s’y casse les dents chaque année. Avoir l’agreg ne suppose pas être « meilleur prof ». Juste en avoir avalé bien plus pour le concours et avoir une capacité d’analyse bien plus importante. Ce qui justifie les 15h et le salaire supp. Ce qui leur permet aussi d’accéder aux cours à l’Université aussi. C’est pas juste? Ben faut passer l’agreg, c’est tout !
    Enfin moi ce que j’en dis, c’est ce qu’on voit de loin, je n’ai « que » le PLP2 … et là tout le monde secoue la tête d’un « ma pauvre, ça doit être dur! ». Comme m’a dit un de tes collègues un jour « oui mais toi t’es pas vraiment prof ».
    On est toujours le pauvre de quelqu’un et envié par d’autres. C’est le principe même de la hiérarchie.

    Côté fringues comme m’avait dit mon prof à la fac qui nous préparait le concours « vous verrez, le jury du PLP2 est en chemise à fleurs, celui du capes en costume cravate! » .

    • Qu’il ouvre le droit de travailler à la fac, c’est une autre histoire et c’est légitime et c’est pour cela que ça a été créé au départ!Je n’envie pas plus les agrégés que je ne plains les PLP! pour moi, il ne devrait y avoir qu’un traitement unique à tous les personnels!

      • Le CAPES et l’agrégation ne se passent pas au même niveau (voir les programmes qui sont bien différents, et plus lourds pour l’agreg dans presque toutes les disciplines, y compris au niveau du nombre de poste ridiculement faible). D’ailleurs vous dites dans le paragraphe suivant (de votre texte principal) que c’est un concours assez dur (vous vous contredisez…) par rapport au CAPES.
        Et il ne peut pas y avoir de traitement identique pour des métiers différents. Enseigner en collège est différent qu’enseigner au lycée ou encore à la fac. Le public n’est pas le même, les exigences bien différentes et donc les méthodes pédagogiques aussi. Et plutôt que de supprimer l’agrégation, augmentons le salaire des certifiés, ou mieux encore: plaçons des agrégés que dans les postes pour lesquels le concours à été créé: fac et classes prépa. Si l’EN gère mal son personnel ce n’est pas la faute des agrégés. Le concours est ouvert à tous alors réussissez-le ou cessez de le critiquer de façon subjective.

        • Pour commencer, il n’est pas utile de changer de nom ou d’adresse mail pour commenter plusieurs fois ici. C’est non seulement pas très honnête mais très facilement identifiable et ajoute du ridicule. Monsieur ou madame, ce billet était une réaction absurde à l’absurdité des propos des la dirigeante de la société des agrégés. En général, quand on lit un billet, on commence par en lire la date. Je me contrefous des agrégés et de leur privilège. Je reste d’accord avec vous sur la nécessité d’augmenter les salaires des certifiés, c’est au moins un point d’accord et un second, plaçons les agrégés dans les fac et prépas où ils devraient effectivement être, avec un petit effort de lecture, c’est le fond de ce billet d’humeur. Commencez par vous choisir une ou un représentant digne et respectueux des collègues, on reparlera de subjectivité plus tard. Quant aux contradictions, là encore, un effort de lecture et vous comprendrez qu’il y a une différence entre le niveau pour passer le concours et le concours lui-même. Mes collègues agrégés sont bien plus choqués par les propos de la dirigeante de la société des agrégés que par mon billet, c’est pour moi l’essentiel. Les indignations à deux balles des agrégés qui ne sont pas capables de saisir ce point mes laissent de marbre.

  2. Ben ouais, c’est sûr, c’est en se tirant dans les pattes entre nous qu’on améliorera le sortie nos élèves, la vie dans les établissements, les méthodes de travail, etc.
    Ce n’est pas parce que les quelques sombres abrutis de la société des agrégés sortent de temps en temps de leur sarcophage déposer un étron sur le pas de la porte qu’il faut mettre tout le monde dans le même sac (parce que pour le coup, c’est aussi con que ce que dit la vieille rombière en chignon-tailleur).

    Fanny, agrégée en jean-baskets, qui a travaillé pendant toutes ses études, et passé l’agreg en interne (ah mais c’est ça… je suis pas une vraie agrégée en fait… Et d’ailleurs tu l’as oubliée, l’agreg interne, dans ton papier), tout en travaillant à plein temps, aussi.

    • Je vous encourage à relire, il n’est question que d’une réaction aux déclarations de madame! heureusement que tous ne pensent pas comme ça. Si c’est aussi con que ce que dit la société des agrégés c’est que mon objectif est atteint! La seule obligation que j’impose aux agrégés, c’est de ramener des chouquettes pour la récré!

      • Si votre argumentaire consiste à faire « aussi con » qu’un autre c’est pathétique. Vous parlez de problèmes dont certains se rapportent à une quinzaine d’année (« la place attribuée aux agrégés dans la salle de classe »). Réveillez-vous, le monde à changé, les agrégés aussi. Tant que ce concours existe et que tous le monde peut y accéder suivant ses compétences et le travail qu’il fournit où est le problème ? Votre papier ne fait que tirer dans les pattes de tous les agrégés en utilisant pour argumentaire que les paroles d’une partie non représentative d’entre eux.
        L’agrégation se passe pour différentes raisons mais aucun agrégé n’a volé sa place. Alors où est le problème?
        C’est dingue cette malveillance à l’égard de collègues. Ce n’est pas comme cela qu’on aidera les élèves…

  3. Le problème n’est pas tellement de savoir si parmi tous les pandas roux « Y en a des biens » mais de savoir comment les certifiés pourraient (devraient) obtenir le même niveau de rémunération à temps de travail égal.

    Je précise tout de suite: je suis prof de lycée agrégé et pas membre de la Société. Je précise également que si l’Agrégation n’avait pas existé, je n’aurais jamais fait ce métier, d’abord pour des raisons économiques (paye), ensuite pour des raisons symboliques (prestige). Autrement dit, je considère que les certifiés se font arnaquer en étant payés ce qu’ils sont, en travaillant ce qu’ils travaillent, en étant considérés comme ils le sont.

    Mais vu du Ministère, l’utilisation politique de ce post est assez claire: supprimons l’Agreg et n’embauchons plus des certifiés! C’est très bon pour les finances publiques et très bon pour l’auto-estime des certifiés.

    En fait, il faudrait plutôt dire: le niveau de rémunération des agrégés pour tous! Sens de la nuance et sens de la politique font parfois bon ménage… 🙂

  4. Que de frustrations dans ce billet ! Puisque vous dites que le CAPES est au même niveau que l’agrégation, passez l’agrégation et arrêtez de vous lamenter… Heureusement que l’agrégation existe, c’est aujourd’hui le seul élément qui tire vers le haut le système éducatif. Et, si on suit votre logique jusqu’au bout, pourquoi ne pas affecter en classes préparatoires des certifiés et des PE ? (ce serait vraiment comique !) ; Et que pensez vous des avantages que vous devez juger affreusement exorbitants des enseignants en CPGE ?…

    • Visiblement, l’agrégation n’apporte pas la capacité de découvrir l’implicite dans un texte ou empêche de comprendre l’ironie. Pour être frustré, il faudrait que je sois déçu par ma propre situation et je suis bien trop satisfait de moi-même pour cela. Pour ce qui est d’affecter des certifiés en classe préparatoire, sachez que cela existe déjà (je vous l’accorde ce n’est pas fréquent mais cherchez bien). Je ne suis pas très au fait de ce qui se passe en CPGE, donc je ne me permettrais pas la critique mais j’ai quelques avis sur les classes prépa que j’évoquerai probablement sous peu.
      Si vous aviez bien compris ma logique, quitte à avoir un traitement différent, autant avoir un travail différent. Que tous les agrégés aillent en classe prépa ou à la fac, cela justifierait la différence et leur permettrait pour le coup de combler leur frustration de grand penseur incompris obligés d’enseigner dans le secondaire.
      Merci pour ce commentaire qui démontre bien à quel point vous méprisez vos collègues certifiés ou PE.
      Je craignais de heurter mes amis agrégés avec ce billet, finalement, vous apportez la preuve qu’il y a un réel problème de mentalité chez beaucoup d’agrégés.

      • Et pour que vous soyez un minimum satisfait en étant passé par là, sachez que j’ai passé l’agrégation par deux fois, et que je l’ai ratée par deux fois. Voilà qui devrait vous apporter enfin une satisfaction. Je suis d’ailleurs assez fier des résultats obtenus.

  5. Etant agrégé, en CPGE qui plus est, je ne dois pas avoir le nombre de neurones suffisant pour comprendre le sens de votre billet. C’est quoi le but? Que vous n’approuviez pas le niveau de rémunération et la charge de travail des agrégés, cool, mais dire que le niveau de recrutement est le même est une contre vérité. Vous avez le droit de critiquer qui vous voulez, tant que vous voulez, mais il faut se renseigner d’abord. AU passage, bravo, pour la démagogie qui sous tend votre billet- crier avec la meute demande toujours beaucoup de courage. Supprimons le fonctionnariat comme cela tout le monde sera content, vous en premier car vous serez enfin sur un pied d’égalité. Bonnes vacances (étant agrégé donc privilégié à mort, je profite des vacances). PS quand j’étais jeune agrégé dans les années 90 dans un lycée de province, je suis arrivé en jeans baskets (des new balance to be precise) et bien croyez moi – ou pas, on s’en fiche- et bien les certifiés ont été outrés de ma tenue (un agrégé c’est costume cravate, of course). Mais bon je donne dans le stéréotype donc j’arrête là ….don’t forget: life is fun (particularly when you are an agrege)

    • Effectivement, vous êtes passé à côté. je vous encourage à relire si ce n’est pas trop pénible pour vous. D’une part, il ne s’agit que d’une réaction à une déclaration de la présidente de la société des agrégés. d’autre part. Quand je parle de niveau, je ne parle que du niveau exigé pour passer l’agreg, pas pour l’avoir(je l’ai ratéé deux fois, je sais donc de quoi je parle).
      Je comprends que ce billet heurte la sensibilité de gens qui se persuadent qu’un concours les rend supérieurs aux autres. Si vous trouver normal, que des gens soient payés plus pour bosser moins, aient des avantages en terme de mutation, des tarifs différents quant aux heures sup, appelez donc cela de la démagogie. Pour ma part je considère qu’il n’y a pas lieu d’avoir deux concours pour le même boulot et c’est le seul objet du billet. Et don’t forget, la vie est encore meilleure avec de l’humilité.

      • Si vous pensez que c’est le même travail de travailler au collège en 6ème, au lycée en terminale ou même en prépa il va falloir revoir votre manière d’analyser les choses… Vous prenez le problème à l’envers: les agrégés ne sont pas plus payés que les certifiés, ceux-sont ces dernières qui sont mal payés.
        Référez-vous aux grilles salariales des professeurs des autres pays de l’UE. Un agrégé français atteint péniblement la moyenne (un certifié français est bien en dessous). Passez l’agrégation c’est aussi obtenir un salaire (plus) décent pour un enseignant. Les salaires des certifiés sont une honte pour le métier (et ceux des professeurs des écoles n’en parlons pas…). Battons-nous pour une progression des salaire pas pour l’inverse (et surtout pas entre nous). Si vous obtenez l’arrêt du concours des agrégés qu’obtiendrez-vous pour les certifiés ? RIEN. L’agrégation permet au moins de gagner plus pour un métier difficile. Et il est accessible à tous, il suffit de travailler. Donc no problem.
        A vous lire c’est une tare d’être agrégé, une anomalie qu’il faut éliminer. Et vous essayez d’en convaincre le premier venu qui analyse la situation du point de vue du salaire ou des 15h au lieu de 18… Élargissez vos arguments, analysez davantage. Ne soyez pas condescendant. Ça dessert votre propos. Et ne vous cachez pas derrière l’ironie pour justifier votre commentaire.

  6. Bonjour,

    IL faut quand même rectifier quelques inexactitudes ou méconnaissances présentes dans votre billet: tout d’abord, le fait qu’agrégés et certifiés soient recrutés au même niveau est relativement récent, puisque la masterisation du Capes date de 2010. Avant cela, les certifiés étaient recrutés au niveau de la licence et les agrégés au niveau de la maîtrise.
    Or la majorité des agrégés ou certifiés en poste actuellement ont été reçus avant les changements instaurés par la masterisation.

    Concernant votre argument sur le fait que le niveau du Capes peut être aussi élevé que celui de l’agrégation: c’est de notoriété publique pour la philo (et je suis d’accord pour dire que dans ce cas précis, l’existence de deux concours distincts est une aberration, tous étant amenés à enseigner en terminale! IL ne devrait donc, au sens strict, exister que l’agrégation…). Pour les autres disciplines, c’est généralement faux. J’enseigne à l’université dans la préparation aux concours, et il y a une adéquation presque parfaite entre les meilleurs élèves, le classement au concours du Capes, et ceux qui décident de présenter l’agrégation. Les étudiants qui obtiennent l’agrégation dans ma fac ont tous, sans exception, passé le Capes avant, et obtenu un excellent classement. Pour vous donner une idée, un étudiant brillant a obtenu 16 à l’oral de l’agreg dans une épreuve, il avait eu 20 à l’épreuve équivalente au Capes. Enfin, pour ce qui est de penser que l’agrégation serait un concours qui récompense l’érudition au détriment de la pédagogie, ça fait bien longtemps que ce n’est plus vrai. Au contraire, les mieux classés sont souvent les plus limpides, ceux qui font dire à leurs camarades « ah, c’est super facile en fait comme sujet » (alors que pas du tout…). Par ailleurs, les questions portent souvent sur des notions de base (souvent malmenées par les étudiants, même arrivés en master!!).

    Les seuls étudiants, aujourd’hui, qui ne passent que l’agrégation, ne se trouvent plus guère qu’à l’ENS. La majorité des agrégés actuels ont donc bien passé deux concours.

    Il est vrai que cela demande une année d’étude en plus, mais il existait auparavant une bourse sur critères universitaires (j’en ai bénéficié à l’époque, et pour votre information, cela suffisait à payer le loyer d’une chambre en résidence CROUS avec l’APL + les frais de nourriture, certes en se serrant un peu la ceinture… je n’ai pas eu besoin de l’aide de mes parents, heureusement car ils n’auraient pas pu). Actuellement, elle a été remplacée par l’aide au mérite, qui est à ma connaissance plus faible, mais qui s’ajoute à la bourse sur critères sociaux dont on serait en droit de bénéficier, et bien sûr à l’APL. Ces bourses reposent sur deux critères essentiels: les critères sociaux et les résultats. Par ailleurs, entre un tiers et la moitié des étudiants préparant l’agrégation travaillent en même temps (étant donné qu’ils sont très peu nombreux, la proportion peut varier énormément), soit une proportion sensiblement identiques à ceux qui travaillent pendant la préparation au Capes.

    Personnellement, je pense qu’il est bon que les deux concours continuent d’exister, le second présentant des exigences plus grandes: on peut obtenir le Capes sans écrire français correctement ou en ayant de graves lacunes dans une discipline (en étant certes mal classé); pas l’agrégation.
    Oh, et dernière remarque: il n’y a pas moins de questions à l’agrégation, sauf peut-être dans certaines disciplines que je connais mal. Par exemple, il y a beaucoup plus d’oeuvres à lire à l’agrégation d’anglais ou de lettres classiques que dans les Capes correspondants. En histoire-géo, il y a une question de moins dans la discipline qui ne relève pas de la spécialité préparée (ex: une question de moins en géo si on prépare l’agreg d’histoire) mais une de plus dans la spécialité préparée, donc un nombre équivalent. Enfin, dans tous les cas, le nombre d’épreuves est plus élevé et grosse différence, comporte du hors-programme (une épreuve qui ne peut pas être réussie par du bachotage et qui sanctionne donc tout le cursus universitaire).

    Je suis d’accord avec vous sur certains points (notamment sur le nombre d’heures travaillées à tâche équivalente), mais il faut quand même rétablir certaines vérités…

    (Oh, et vous n’avez rien dit sur les bi-admissibles! Si vous avez passe deux fois l’agreg, peut-être l’êtes-vous…?).

    • Bonjour,

      Certes, le message est ancien mais je me permets de relever quelques affirmations.
      La réciproque ne fonctionne pas sur le classement des meilleurs étudiants, et je m’étonne vraiment de votre raisonnement.
      Si les meilleurs de l’agrégation excellent au Capes, ce n’est pas le cas pour les certifiés à l’agrégation. Je suis dans ce cas et mes anciens camarades venant de Prépa aussi. Le programme est le même, oui, mais le niveau d’exigence, non.

      En lisant les remarques, je comprends le malaise des agrégés face à cette charge.
      Mais ce qui est remis en cause (et que je soutiens), c’est le fait que l’Education Nationale entretienne une division du personnel à l’intérieur même du secondaire. Si le Capes est suffisant pour le secondaire, pourquoi continuer à recruter des Agrégés ? Que le concours de l’agrégation demeure, oui, mais uniquement pour l’enseignement à l’université et les CPGE.
      De même, est-il acceptable que pour progresser et espérer une reconnaissance professionnelle, les certifiés ne doivent plus passer que l’agrégation interne (qui a essayé avec un travail et une famille ?)ou la cooptation… Le concours confirme que nous sommes bien des têtes pensantes mais notre travail, c’est aussi être face à des élèves.
      On l’aura compris c’est bien tout notre système de recrutement et de carrière qui est à refonder.

      • Si vous pensez que c’est le même travail de travailler au collège en 6ème, au lycée en terminale ou même en prépa il va falloir revoir votre manière d’analyser les choses… Vous prenez le problème à l’envers: les agrégés ne sont pas plus payés que les certifiés, ceux-sont ces dernières qui sont mal payés.
        Référez-vous aux grilles salariales des professeurs des autres pays de l’UE. Un agrégé français atteint péniblement la moyenne (un certifié français est bien en dessous). Passez l’agrégation c’est aussi obtenir un salaire (plus) décent pour un enseignant. Les salaires des certifiés sont une honte pour le métier (et ceux des professeurs des écoles n’en parlons pas…). Battons-nous pour une progression des salaire pas pour l’inverse (et surtout pas entre nous). Si vous obtenez l’arrêt du concours des agrégés qu’obtiendrez-vous pour les certifiés ? RIEN. L’agrégation permet au moins de gagner plus pour un métier difficile. Et il est accessible à tous, il suffit de travailler. Donc no problem.
        A vous lire c’est une tare d’être agrégé, une anomalie qu’il faut éliminer. Et vous essayez d’en convaincre le premier venu qui analyse la situation du point de vue du salaire ou des 15h au lieu de 18… Élargissez vos arguments, analysez davantage. Ne soyez pas condescendant. Ça dessert votre propos. Et ne vous cachez pas derrière l’ironie pour justifier votre commentaire.

  7. S’il y a bien 2 choses que je ne supporte pas, ce sont les agrégés qui méprisent les certifiés et les certifiés qui crachent sur les agrégés. C’est tellement plaisant de dénigrer tout un corps (qui n’est pas le sien) pour s’en prendre à celui d’en face au lieu de se rappeler qu’on a à faire à quelques individus détestables.

  8. ça chouine beaucoup pour pas grand chose. Soit t’as le concours (externe j’entends) soit tu l’as pas. ça veut pas dire que t’es une pauvre merde, t’es juste certifié(e) ou autre…. Sinon faut chercher du piston (liste d’aptitude) ou tester l’interne (nettement moins difficile et ne sanctionnant pas le même niveau de connaissance). Après la DRH de l’EN est calamiteuse, ne suit même pas ses propres règles, et envoie des jeunes agrégés en collège ZEP. A quand une interdiction de l’affection des agrégés en collège (de plus en ZEP)? Seuls quelques feignants, planqués avides d’HSA, ou masochistes (voire les trois en même temps) peuvent être agrégés et profiter de leur superbe affectation en collège (avec tout plein de bisounours certifiés qui te crachent dessus au passage…). Vive l’EN.

  9. Concernant les « supposés » avantages pour les mutations des agrégés: dans certaines matières présentes au collège et devenant optionnelles au lycée (soit un public ultra « trié » car motivé) pour lesquelles les agrégés devraient a priori être plus que prioritaires, le règne du clientélisme des IPR rompt sans vergogne avec les règles de bonifications d’affectations que les recteurs fixent (ça passe en poste spécifique, et toc dans l’c*l..). L’agrégation ne sert donc effectivement à rien dans ce cas là, juste à produire de la frustration de tous les cotés. Pour les mouvements dans les COM, l’agrégé coute plus cher que le certifié, donc là aussi, bye bye l’opportunité. Quant à l’affectation en tant que PRAG, citée ça et là comme panacée à réserver aux agrégés, c’est même pire, l’université, c’est magouille et compagnie.(de plus les PRCE viennent concurrencer, car moins chers…). Personnellement, je ne punis pas mes meilleurs élèves lorsqu’ils ont réussi leurs examens (et je ne crache pas sur leurs examens non plus). Et dans la typologie agrégé profiteur, option méritocratie pas de droite: il n’est pas fait mention de l’assisté post université, qui, après avoir profité des bourses du Crous, profite de son RSA et de ses APL pour réussir son concours. Ahhh, quand on vous parle de profiteurs…

  10. Je viens de tomber sur cette conversation qui dure depuis bientôt deux ans et demi !!!! Quelle satisfaction à sa lecture ! Ce billet de février 2013 était excellent et les échanges qui ont suivi ont renforcé ma conviction : le système éducatif français, élitiste et cassant, véritablement laminoire de l’enthousiasme, de l’envie d’apprendre et du bonheur au travail trouve ici son illustration. Même les agrégés les plus sympathiques qui s’expriment dans ces pages sont d’une condescendance impayable avec leur collègues certifiés. Même certains certifiés courbent l’échine et font allégeance ! Est-ce bien de ce monde-là dont nous avons envie ?
    Ouvrons les yeux : le CAPES, comme l’agrégation, sont des concours « has been », qui n’ont aucun lien avec le monde d’aujourd’hui ni avec la réalité de l’enseignement. Leurs contenus sont riches certes, mais totalement insuffisants et inopérants si leur but est de former des enseignants performants. La formation initiale est indigente en histoire de la pédagogie, n’a jamais accueilli un chercheur en psychologie, ne donne pas d’ouverture sur le monde « extérieur » à ceux qui n’ont pas exercé un autre métier avant, n’accueille pas de formateurs qui ne soient pas d’anciens enseignants. On est dans un système endogame qui produit parfois des enseignants formidables, professionnels incroyablement résistants à la culture du 1er de classe, parfois (souvent ?) des monstres, incapables de se départir du petit pouvoir que leur donnent l’estrade, la correction de copie et leur petite case sur le bulletin de notes et, trop souvent, des élèves enseignants, sans grandes convictions, jamais sortis du système depuis leur entrée en maternelle, et qui ont bien intégré la loi anti-créativité du système éducatif français. A part des exceptions donc (« Y en a des biens »), peu de professionnels.

  11. Je tombe par hasard sur ce fil. Je pense que ça peut durer très longtemps, et de toutes manières le Ticeman (surement le responsable réseaux, au passage le gars qui prend le plus d’HSA dans mon collège, et qui bataille grave pour en garder un max !) aura toujours raison du fin fond de sa mauvaise foi…
    T’es un vilain jaloux rageux, Ticeman !

    Quand à la participation de « concours Killer », je suis assez d’accord sur certains points, néanmoins les concours nationaux ont quand même le mérite de l’égalité devant le concours. Ce n’est pas tout, mais ce n’est pas rien non plus.

    Signé un agrégé issu de l’interne qui ne se sent pas DU TOUT supérieur, mais qui est bien content qu’existe une possibilité d’évolution salariale autre que… devenir chef d’établissement (frissons…)

    • Effectivement cela peut durer très longtemps. Je ne suis pas jaloux rageux du tout. Il aurait fallu que j’ajoute à l’article l’opposition aux HSA aussi.Pour remettre dans le contexte le billet faisait suite à une déclaration immonde de la chef de la société des agrégés. Et je ne suis pas pour la suppression de l’agrégation. C’est un concours différent, il devrait conduire à des fonctions différentes.

  12. J’ai été biadmissible (on dit certifié biadmissible ) et je n’ai jamais compris les différences horaires entre les certifiés et agrégés d’autant que j’ai été PEGC (concours externe) à… 21h au début de ma carrière avant de passer les concours externes du capes et de l’agreg tout en travaillant à plein temps…
    Le problème , c’est le même niveau de responsabilités en lycée entre les catégories !
    Je me souviens de ma période pegc au collège à 21h , des certfiés à 18 et des agrégés à 15h : même boulot !
    Et puis , la perte de ma biadmissibilté en passant hors classe …certifié !!!
    Quel foutoir !!!

    • ça sent encore l’agrégé qui ne sait pas lire. Commence par relire les propos de la dirigeante de la société des Agrégés remontant à l’époque du billet, cela t’éclairera peut être. Cet article est un peu comme tout le reste, il y a un contexte. Et non je ne passerai pas ce concours puisque je suis contre son existence à moins qu’il ne serve uniquement à l’enseignement supérieur.

  13. Bonjour,

    Je réagit un peu tard à cette article, mais je me lance.

    Je crois que l’agrégation (d’histoire dans mon cas) n’est ni plus, ni moins qu’un énorme farce visant à assurer la reproduction sociale des normaliens de Paris et de Lyon au niveau du monde de l’université et de la recherche.

    Travailler et se plier aux exigences de l’agrégation c’est éteindre cette étincelle qu’on appelle la passion, c’est sacrifier sa vie sociale, son couple, son envie pour une machine sans âme dont le facteur chance est tout aussi important que les connaissances à mobiliser.
    Et encore, pour ma part je n’ai jamais renoncé à faire de l’Histoire comme je l’aime le faire, c’est à dire en croisant les sources, en admirant les textes, et en essayant d’apporter ma pierre au monde de la recherche. Bien loin de régurgiter le vomi de l’agrégation….
    Et pourtant ceux, comme moi (et ils sont nombreux) que se sacrifient eux-même sur cet autel n’arrivent généralement pas à l’obtenir dès la première année, et, au bout de deux ou trois, lorsqu’ils (enfin!) décrochent le graal, ne sont plus pareil.Leurs visages se ferment, leurs sujets de recherches sont ennuyeux à mourir, et ne semblent plus ressentir d’émotions.
    Pour finir, l’agrégation d’Histoire est pour ses défenseurs un des piliers du rayonnement culturel de la recherche de ce pays. Eh bien, il suffit juste d’écouter nos confrères étrangers une fois les langues déliées. Eh bien, pour eux, le franchouillard est « hautain, arrogant, pense tout savoir et raconte de la m….. ,surtout sur sa spécialité ». Vive le rayonnement culturel!!

    Que l’agrégation nécessite une réforme dans le cadre du secondaire, ok, mais, pour les chercheurs, il s’agit de quelque chose d’aussi urgent!

  14. Certifiés et agrégés, comme le niveau de réflexion et d’analyse semble bien bas ! Que de frustrations ! Cela doit être dur de travailler avec un tel mépris réciproque !? Heureusement, reste la réalité de ce que les élèves apprennent, connaissent, apprécient, comprennent et réussissent pour clore le débat.Si peu…

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