Pourquoi moi, petit prof de merde avec 15 ans d’ancienneté, je ne démissionne pas de l’EN


Hein oui pourquoi? Bon parce qu’il y a en a plein, ils démissionnent, et ils attendent même pas d’avoir vraiment bossé. Alors hein pourquoi moi je reste, suis-je con? Oui certains ont bien une petite idée là-dessus et se la gardent merci bien!

Alors pourquoi je ne démissionne pas alors que je me suis laissé un an pour sortir la méthode pédagogique de la mort qui tue sa mère et que je suis à peu près le meilleur que l’on puisse trouver sur terre. Hein, pourquoi donc?

Et bien pour tout un tas de raisons. La première est que je n’ai pas prévu de sortir un bouquin sur mes méthodes pédagogiques révolutionnaires et que je n’en ferai probablement jamais parce que je suis trop occupé à préparer mes cours parfois dans l’urgence et parfois un peu merdeux mais qui marchent bien quand même. NON, je n’ai pas le temps d’écrire des articles non plus sur Le Monde ou sur l’Express ou sur n’importe quel truc où on peut écrire des billets parce que j’entretiens déjà 6 blogs à moi et que franchement je fais trop de fautes d’orthographe parce que je ne prends même pas le temps de me relire sur mes propres blogs.

Non je ne démissionnerai pas parce que l’Etat veut faire des petits soldats et que l’on doit enseigner la Nation et faire des petits soldats parce que c’est n’importe quoi, que la nation n’est depuis longtemps plus au centre des préoccupations et que le but des programmes est à mon sens de faire des citoyens réfléchissant.

Je ne dis pas que je n’ai jamais été tenté. Oh que si, pour plein de raisons : un meilleur salaire, ne plus bosser à la maison, devenir rentier, ne plus subir la réunionite inutile…. OUI, j’ai été tenté, mais je ne l’ai pas fait.  Oui je suis débile de tolérer que l’on ne soit pas reconnu en à peine un an de service ou deux ou trois, oui je suis débile  de constater jour après jour que le mérite n’existe pas et que l’on peut faire sa carrière dans l’ombre totale en étant ignoré, en n’étant pas promu  hors classe dès l’échelon 7 parce que l’on est vachement meilleur que les autres. Côté boulard je m’y entends pas mal, oui j’ai aussi la grosse tête, oui je crois être le meilleur dans plein des domaines et NON, je ne démissionne pas.

But WHY! Parce qu’après 15 ans de carrière, je ne crois pas qu’il y ait une pédagogie miracle, Une Bombe pédagogique. parce que s’il y avait une Bombe pédagogique ça voudrait dire que tous les gamins sont pareils et qu’une même méthode marche avec tous. Et je suis heureux que ce ne soit pas le cas. Oui j’ai des années de merde où je constate que ce que je fais ne fonctionne pas, que je pourrais faire mieux si j’avais du temps mais à chaque année de merde, je constate le petit succès, j’entends l’élève qui dit maintenant j’aime l’histoire, j’entends aussi celui qui dit je préférais avant, et je me demande pourquoi alors je change des choses. Et oui, parce que il faut changer des choses, tout le temps.

Avec toute la perfection qui me caractérise, je change tout le temps des choses. Mais pour cela, il faut avoir fait plus de trois ans de boulot. Pour voir le succès, il faut avoir essayer plusieurs choses. Pour voir l’échec, il faut être capable de regarder ailleurs que son nombril (j’y arrive mieux depuis que j’ai perdu 10 kilos). Il faut un minimum de souplesse, ne jamais penser que l’on a créé la Bombe pédagogique mais pensé que l’on a  fait au moins ce qu’il fallait.

Alors là on se demande tous ce qu’il faut. Une des rares inspectrices pour laquelle j’avais du respect m’a dit un jour après une inspection (je ferai un billet un jour là dessus, l’inspection en général) la pédagogie, c’est quand ça marche! Hé oui, voilà pourquoi j’accorde un peu de crédit à cette dame. Après 15 ans de boulot, avoir tenté à peu près tout, et bien j’ai constaté que la pédagogie parfaite ça n’existe pas. Je peux faire un cours magistral qui marche super bien (au sens où les élèves en retirent quelque chose) et faire de la classe inversée qui dysfonctionne totalement (on en reparlera aussi de cette mode). Rien n’est parfait, le mieux c’est quand ça marche. Non je ne prétends pas avoir inventé quoi que ce soit sur lequel je sortirai un bouquin dans les prochains jours. je n’ai rien inventé, je pique à droite à gauche des idées, des fois je n’ai pas le temps et je pique ce qui me semble bien, des fois je suis inspiré et je fais les trucs qui me semblent le mieux.

ET, et bien OH misère, ça ne marche pas toujours. des fois le cours préparé en urgence en à peine une heure est un succès énorme et la super séance qui a demandé un week end complet est un complet échec. Oui voilà pourquoi je ne démissionne pas, je tolère de me tromper, je tolère de ne pas être parfait (enfin dans certains domaines parce que pour d’autres ce n’est même pas discutable). OUI, j’accepte d’être un Homme au sens humain, pas très bien considéré et pas très bien payé (mais faut pas pousser, vis ta vie avec 1000 euros par mois pour voir ce que c’est d’être mal payé vraiment).

Non il n’y a pas de reconnaissance et non il n’y a pas de prime au mérite. Oui tu peux te faire emmerder par une hiérarchie complètement has been et totalement ignorante de la réalité. Mais NON, l’Education Nationale n’est pas un déchet sur lequel on peut cracher pour espérer ensuite vendre je ne sais quelle soupe aigre. Certes le système est imparfait, certes il faut du temps pour faire bouger Un million de personnes d’un même mouvement. Mais je défie n’importe qui de me dire que c’est comme il y a 10 ans. Ca ne bouge pas vite, mais ça bouge. Pourquoi je reste?

Parce que rien ne me fait plus plaisir que de voir des collègues dépassés par les réformes, toujours essayer de s’y mettre, parce que rien ne me fait plus plaisir de voir des collègues dépassés par le numérique, essayer maladroitement de s’y mettre. Parce que tout bêtement partout, des profs, y croient encore.

Parce que sans l’école, je serai délinquant (déjà qu’avec c’était limite), parce que dans ma vie peut être un seul élève aura grâce à moi fait ce qu’il voulait, parce que j’ai bossé plus de 3 ans et que je n’en veux à personne et que je n’ai pas envie de me faire des couilles en or en vendant une histoire improbable.

Ils sont des milliers, des centaines de milliers à y croire, alors il serait temps d’entendre la voix de ceux qui ne démissionnent pas.

La Bombe pédagogique, nous la tenons tous dans la main. Le tout c’est de bosser.

Bonne continuation les démissionnaires, je ne doute pas que vous alimenterez les colonnes ou les antennes. Nous on y croit encore.

50 réflexions sur « Pourquoi moi, petit prof de merde avec 15 ans d’ancienneté, je ne démissionne pas de l’EN »

  1. Bonjour, et merci.
    Mis à part l’hypothèse d’une délinquance évitée en choisissant de devenir prof … je suis d’accord avec toutes vos explications. Et j’ai fait le métier jusqu’au bout, parfois avec les mêmes tentations, souvent avec les mêmes prétentions sublimes, parce qu’aussi je ne sais pas trop ce que j’aurais pu faire d’autre …
    Il y a suffisamment de raisons/occasions de démissionner dans la vie ordinaire, et on ne parvient pas toujours à y échapper, alors pas besoin d’en ajouter une autre !
    BM

  2. La bombe humaine [pédagogique],
    tu la tiens dans ta main
    Tu as l’détonateur
    juste à côté du cœur
    La bombe humaine [pédagogique],
    c’est toi elle t’appartient
    Si tu laisses quelqu’un
    prendre en main ton destin
    C’est la fin…
    😉

  3. J’ai été par bonheur viré de l’école à 14 ans et mis au tapin tout de suite jusqu’à ma retraite récente à l’âge de 65 ans.
    A cette époque les profs ne se cassaient pas la tête à propos de savoir pédagogique puisque l’échec scolaire était imputé de facto à l’élève ayant le mauvais goût de ne rien comprendre aux matières enseignées.
    Je vois que les choses ont un peu changé avec le temps du moins pour certains enseignants dont vous êtes.
    Ne lâchez rien, continuez!

  4. Bonjour,

    Ce que vous dites est plein de bon sens mais je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous sur un point :
    « Une Bombe pédagogique. parce que s’il y avait une Bombe pédagogique ça voudrait dire que tous les gamins sont pareils et qu’une même méthode marche avec tous. »
    Je pose cette question avec pour celle expérience celle d’ancien élève du primaire/collège/Lycée et actuellement dans le supérieur, donc en ne pouvant qu’imaginer et supposer ce à quoi ressemble le point de vue du professeur :
    Serait-il selon vous envisageable de mettre en place plusieurs pédagogie différente pour que les élèves de profils différents puissent réussir dans le modèle qui leur est le plus adapté? D’avoir non plus une, mais DES pédagogies? Ensuite si il est possible d’apporter ces éventuels changement facilement et rapidement avec des réformes (probablement pas) c’est une autre question.

    Je mentionne cette idée car j’ai eu de grosses difficultés pendant mes premières années dans le supérieur car je n’arrivais pas à m’adapter au cadre dans lequel j’étais. Mais j’ai finalement changé pour un autre type de formation non moins difficile en ce qui concerne le programme, mais dans lequel j’arrive pourtant à très bien m’en sortir, selon moi car le cadre m’est beaucoup plus adapté au niveau du mode de travail.

    Merci à vous.

  5. Bonjour Ticeman,
    « Ca ne bouge pas vite, mais ça bouge. C’est pourquoi je reste. » Ce serait sympa que tu écrives ce que tu as vu bouger en dix ans.
    Merci de ton implication, c’est ça qui me fait bouger, par contagion.
    Christine

  6. Je me retrouve tout à fait dans vos propos, et cela fait du bien ! Parce que notre métier reste malgré tout le plus beau des métiers, et qu’en dépit des difficultés (occasionnelles), des lourdeurs administratives de toute sorte, il est aussi source de grandes joies : c’est cet élève qui n’écoute rien et s’agite constamment, d’un seul coup calme et attentif, parce que vous avez réussi à le toucher avec une séance un peu différente ; c’est cet autre qui vous remercie de l’année passée avec vous, et ce sont tous ceux-là, qui, même plusieurs années après, vous saluent avec le sourire et vous donnent de leurs nouvelles…Je ne démissionnerai pour rien au monde :).

  7. Bonjour,

    Je ne vais pas faire de « review » mais cependant un point me gêne.

    « Parce qu’après 15 ans de carrière, je ne crois pas qu’il y ait une pédagogie miracle, Une Bombe pédagogique. parce que s’il y avait une Bombe pédagogique ça voudrait dire que tous les gamins sont pareils et qu’une même méthode marche avec tous. »

    Il n’y a pas une once de cohérence (au sens mathématique) dans ce point. Non les gamins ne sont pas tous pareils, en revanche un certain nombre de caractéristiques est commune a tous, et un nombre encore plus grand a certains groupes d’enfants, que l’on peut relativement facilement décerner.
    De plus, vous assumez que d’avoir un résultat théorique équivalent pour la très grande majorité des enfants nécessiterait qu’ils soient tous pareils, ce qui je vous l’accorde, n’est pas le cas.
    Pourtant quand l’équivalence dans cette même majorité d’élève se situe au niveau du sentiment de dégoût et d’inutilité de l’école, et donc de l’échec de celle-ci a éveillé en eux de l’intéressement.
    Et bien la, non, ça ne vous fait pas penser qu’une même méthode peut donner des résultats sensiblement identiques sur la palette variée que constituent les jeunes, alors que c’est ici un fait flagrant.
    Une bombe pédagogique, ce serait avant tout de rendre son attrait au fait d’apprendre, de savoir, de comprendre, de faire, etc… Et tout cela se ferait bien plus facilement en abandonnant les notions de par coeur, le sur-conditionnement a tout les niveaux, horaires, thématiques, méthodologiques, je me suis toujours demandé pourquoi les matières étaient enseignées de la façon dont elles le sont.

    Quelques exemples:
    -Pourquoi ai-je vu au moins 3 fois (sans redoubler pour les petits malins) la guerre des tranchées WW1 ?
    -Pourquoi est ce que la géopolitique actuelle est a peine effleurée dans le cursus standard ?
    -Pourquoi ne jamais associer d’application réelles aux notions de mathématiques alors qu’elles foisonnent en réalité et que l’explication standard de l’élève qui n’apprécie pas la matière en question est : « Ca sert a rien » ?
    -Pourquoi le par coeur ?
    -Pourquoi séparer autant les matières ?
    -Pourquoi les cours ne ressemblent pas plus a un forum (au sens d’échange oral) ?
    -Pourquoi la philo est elle enseignée a base de raisonnements d’autres, avec une interprétation du professeur?
    -Pourquoi la musique l’Art Plastique et le sport sont elles encore des matières et non des clubs participatifs ? (Et je vous arrête tout de suite, j’adore le sport et la musique, autant a voir et a écouté qu’a produire.)
    -Pourquoi et ce qu’un même résultat obtenu avec les mêmes outils mais pas par la même méthode est il considérer comme moins bon ?
    -Pourquoi le travail collaboratif et l’utilisation intelligente de ressources est elle considérait comme de la triche ?
    -Pourquoi le milliard de papiers et procédures administratives nécessaire a une bonne gestion de sa vie de citoyens n’est pas abordée ?
    -Pourquoi n’existe t’il pas un cours de travaux manuels orientés vers des gestes que l’on aura tous a faire et dont on a besoin pour être indépendant.
    -Pourquoi l’informatique n’est il pas encore partie intégrante de l’enseignement de base ?

    Bref, j’en ai plein d’autres bien évidemment, comme tout le monde.

    • Merci pour ce commentaire qui pousse à réfléchir.
      Il ne faut pas généraliser quant au dégoût éprouvé par les élèves. beaucoup sont encore très bien à l’école.
      Pour ce qui est du partitionnement, matières et méthodes, on est bien d’accord, toutefois sur ce plan, les changements sont nombreux. Les profs qui demandent du par coeur sont de plus en plus rares et je l’espère dispâraîtront.les cours sont très fréquemment (enfin je l’espère) des moments d’échange oral, enfin c’est comme cela que je le conçois et c’est comme cela que je conçois apprendre quelque chose.Pour les manques en enseignement manuel, je suis d’accord, je n’ai jamais compris la disparition d’apprentissages de base et je me demande comment un gamin qui n’a pas la chance de recevoir une educ familiale se démerdera plus tard pour gérer son appart.Pour l’informatique c’est une grande histoire mais je ne pense pas qu’il faille un enseignement spécifique.

      • Premièrement, laissez moi m’excusez pour les fautes dans mon précédent message, et vous remercier de prendre la peine de répondre et de faire naître une discussion et non de « censurer » un commentaire n’allant que très peu dans votre sens.

        Pour continuer, j’avoue quand a l’évocation du ressenti des élèves vis a vis de l’école me basé sur mon observation car elle est récente (j’ai en effet 21 ans) et que je me trouve du coté des intéressés. Je ne pense pas que ce soit point a argumentation, mais juste une conséquence, c’est pourquoi il me semble qu’il est inutile de confronté nos divergences d’opinions en la matière.
        Au final seul un point dans votre réponse me titille un peu, celui de l’informatique, car j’y suis intimement liés de par ma formation actuelle.

        Quand je parle d’informatique, je veux en fait évoquer son sens large, que j’aime a voir comme l’ensemble des aspects de la « logique procédurale », de l’algorithmie, et de la planification totale (100% des possibilités). Je ne parle donc pas d’un apprentissage de l’utilisation des outils informatiques en priorité, comme l’on peut le voir actuellement dans nos collèges et lycées, qui bien que salvateurs pour l’étranger aux outils en question, deviennent vite ridicule du fait de la différence de niveau entre celui qui apprend et celui qui sait.
        On y observe d’ailleurs bien souvent une méconnaissance de la part du corps enseignant dans sa partie vieillissante qui bien qu’elle ne soit pas a blâmer pour cela n’a pas la compétence et bien souvent pas l’envie non plus de former sur les outils en question.

        Et c’est la que je trouve cela dommage. L’Education Nationale fait face a une situation ou les professeurs ne peuvent que rarement avoir une compétence supérieure dans un domaine essentiel, mais au lieu de se servir de cela pour alimenter une relation bidirectionnelle en terme d’échange de connaissance et de méthode, elle sacrifie ce domaine pour pallier a une situation qui remettrait en question la hiérarchie prof > élève en place.

        Pour revenir a l’informatique au sens large que j’évoquais, prenons l’exemple de quelques comportements, connaissances et réflexes que l’on acquiert via la pratique en particulier de la programmation :
        – Habitude de l’autoformation, via la lecture et le visionnement d’exemple.
        – Compréhension générale d’outils de tout les jours, habitude de tester (tests unitaires).
        – Logique procédurale, découpage de grands problèmes en plusieurs plus petits, mais facile a résoudre.
        – Algorithmie.
        – Gestion d’erreurs et habitude de l’objectif 0 bug 100% cas traités.
        – Notions et sens de l’optimisation et de la gestion.
        – Concept de récursivité.
        – Habitude de concevoir et de prévoir.

        Cependant je concède qu’il reste a établir un programme accessible a tous niveau par niveau étant donné que le système actuel refuse d’être un système multi-niveaux ou les élèves s’apprennent entre eux.

        Pour finir, voici l’exemple concret d’utilisation avancée des mathématiques pour une application réelle au niveau lycée en terminale je dirais, qui m’a fait le plus me poser la question « pourquoi n’est ce pas déjà le cas » quand je l’ai rencontré il y a de cela quelques mois durant le début de ma formation en dév/programmation :
        Le raytracer, concept de modélisation 3D utilisant de la trigonométrie simple et imagée, les concepts basique de résolution d’un système d’équations, des calculs de normales, des matrices de rotations et de translations, la combinaison de ces dernières en matrices 4*4 plus abstraites, des notions et des formules de physique concernant les lois de la lumière, le produit scalaire etc…
        http://en.wikipedia.org/wiki/Ray_tracing_(graphics)

        Je défends bien évidemment mon domaine actuel avec beaucoup d’ardeur, je le vois bien, mais il me semble que certains des enseignement qui découlent de sa pratique seraient bénéfique pour tous, individus, EN, pays ainsi qu’a la Société.

        • -Pourquoi ai-je vu au moins 3 fois (sans redoubler pour les petits malins) la guerre des tranchées WW1 ?

          Parce qu’à 9, 14 et 17 ans, la guerre n’est pas vraiment la même, les images, le récit, l’analyse… diffèrent.

          -Pourquoi est ce que la géopolitique actuelle est a peine effleurée dans le cursus standard ?

          Parce que l’histoire raconte ce qui s’est passé, tente d’expliquer ce qui se passe mais ne rapporte pas des faits quotidiens. On appelle cela la presse.

          -Pourquoi ne jamais associer d’application réelles aux notions de mathématiques alors qu’elles foisonnent en réalité et que l’explication standard de l’élève qui n’apprécie pas la matière en question est : « Ca sert a rien » ?

          Euh soyez précis. Les maths à l’école n’ont rien à voir avec les maths en fac et bien au contraire, on peut y associer énormément d’applications réelles, c’est ce que font mes collègues.C’est aussi ainsi qu’on m’a enseigné les maths.

          -Pourquoi le par coeur ?

          Parce que cela leur permet de mémoriser (la récitation est toujours un très bel exercice, même au collège), de s’écouter (le par coeur doit être oralisé), d’organiser leurs connaissances (aide ton cerveau, le ciel t’aidera), de se concentrer et de réfléchir. Je ne demande jamais du par coeur recraché mais du su, digéré, du reformulé.

          -Pourquoi séparer autant les matières ?

          La séparation n’est pas toujours pertinente en effet. C’est un héritage de notre belle académie.

          -Pourquoi les cours ne ressemblent pas plus a un forum (au sens d’échange oral) ?

          Tout dépend du cours que l’on donne et des acquis des élèves. Quand les bases sont fixées, on peut travailler de cette façon-là, mais quand des 3èmes n’ont rien compris à la notion de phrase et qu’en plus de cela, ils ne savent ni se concentrer ni noter un cours, on reprend du début. On essaie de cadrer ces adultes de demain. La liberté est belle et préservée quand elle est pratiquée par des adultes conscients. Je dis toujours à mes élèves que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres.

          -Pourquoi la philo est elle enseignée a base de raisonnements d’autres, avec une interprétation du professeur?

          Et j’ajouterai : pourquoi la philo n’est-elle enseignée qu’en classe de terminale? Pourquoi cet enseignement devrait-il être évalué?

          -Pourquoi la musique l’Art Plastique et le sport sont elles encore des matières et non des clubs participatifs ? (Et je vous arrête tout de suite, j’adore le sport et la musique, autant a voir et a écouté qu’a produire.)

          Parce que je connais un certain nombre d’élèves qui n’auraient jamais mis les pieds en salle de musique ou dans un gymnase. Ils auraient perdu qqch.

          -Pourquoi et ce qu’un même résultat obtenu avec les mêmes outils mais pas par la même méthode est il considérer comme moins bon ?

          Euh, vous parlez mathématiques mais à l’école, nous n’enseignons pas que des maths…

          -Pourquoi le travail collaboratif et l’utilisation intelligente de ressources est elle considérait comme de la triche ?

          Un exemple. Plagier un texte sur le net est de la triche. C’est du plagiat, condamné par la loi. Ce ne sont pas les enseignants qui l’ont inventé. Le travail collaboratif, je l’encourage énormément. Je propose diverses ressources en classe : dictionnaire de langue, de synonymes, tableaux de conjugaison, livre documentaire etc. Mais pas d’internet. Le papier vivra, internet, on verra.

          -Pourquoi le milliard de papiers et procédures administratives nécessaire a une bonne gestion de sa vie de citoyens n’est pas abordée ?

          Euh vous voulez qu’on enseigne à des élèves le remplissage de dossiers administratifs… bah… je préfère leur faire découvrir un beau roman du moyen-âge, une oeuvre classique du patrimoine.

          -Pourquoi n’existe t’il pas un cours de travaux manuels orientés vers des gestes que l’on aura tous a faire et dont on a besoin pour être indépendant.

          J’adorerais. Couture, jardinage, bricolage…

          -Pourquoi l’informatique n’est il pas encore partie intégrante de l’enseignement de base ?

          Encore heureux. On va d’abord leur apprendre à lire, compter, écrire. ça ne fait pas de mal au cerveau.

  8. Je suis professeur des écoles. Cette année je n’ai pas fait de rentrée scolaire. Non. J’ai eu un détachement pour travailler dans la coopération internationale éducative. Un ras le bol m’a poussée vers la sortie. J’ai enseigné en maternelle, en élémentaire et en SEGPA. Vous avez raison de crier haut et fort que beaucoup ( la majorité) d’enseignants y croient encore. Mais il est important aussi de montrer que l’école va mal et que certains enseignants perdent toute motivation. La faute a qui? Rarement aux élèves, souvent a l’institution. Dans le premier degre nous sommes très infantilises voire pris pour des cons. Quand on fait son boulot plus que correctement, quand on se donne corps et âme a des élèves en grande difficulté scolaire et que le retour de la hiérarchie n’est que très evasive , on a juste envie de leur dire d’aller se faire voir et de se demmerder. Mais bravo d’avoir le courage de continuer, des gens comme vous il en faut et heureusement il y en a un paquet…l’institution devait juste faire attention a ces gens la, histoire de ne pas les perdre en route.

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    • La question n’est pas de savoir s’il faut démissionner ou non. La question est de savoir ce qui pousse à démissionner. Dans certains cas je le conçois très bien, on peut en avoir ras le bol. Quand on prétend démissionner parce que l’on a révolutionné l’éducation et que l’on se sent incompris c’est autre chose.

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  11. Je comprends votre propos, mais l’aigreur que vous dénoncez, c’est dans votre billet que je la lis, et je trouve ça bien dommage. Céline Alvarez, puisque je pense que vous la ciblez (mais sans doute pas qu’elle) a sans doute des outils extraordinaires dans la main. Si la pédagogie, c’est quand ça marche, au vu des résultats de son expérimentation, alors elle fait de la pédagogie de très haut niveau (qu’elle n’a pas inventé, et elle le dit).

    Pas de méthode magique, sans doute, mais des méthodes qui prennent en compte qu’en tant qu’humain, nous fonctionnons mieux en allant du concret vers l’abstrait que le contraire, que nous apprenons mieux quand nous sommes poussés par un élan interne que gavés de façon passive, que le stress et l’évaluation sont nocifs à l’apprentissage tant qu’à l’évaluation, ça n’est pas révolutionnaire… Ca fait entre 20 et 100 ans qu’on le sait. C’est de ne pas le prendre en compte qui est idiot.

    Je suis admirative de votre foi, malgré les aléas que vous décrivez, de votre envie, et je souhaite à beaucoup d’avoir des profs comme vous. Mais je suis sûre que même vous, vous gagneriez à vous renseigner sur ce que font ces profs qui ont des livres à vendre. Mis à part quelques cas particuliers (ex-compagne de président, auteur de saga en 7 tomes sur une école de sorciers…), on ne fait pas fortune en vendant des bouquins, les droits d’auteur sont plutôt misérables. Beaucoup le font principalement pour partager des idées qui valent le coup de l’être.

    (et, toujours pour parler de Céline Alvarez, elle n’a pas l’intention d’en écrire un, donc c’est un mauvais procès) .

      • Mais elles le sont déjà ! Elle s’est appuyée sur la méthode Montessori, qui a un siècle…

        Et quand bien même elle les vendrait… Je vous rappelle qu’elle n’a pas démissionné pour faire le buzz, mais que son projet a été stoppé par l’éducation nationale. On ne peut pas lui reprocher d’avoir monté le truc pour s’en servir ensuite à but lucratif – c’est sans doute l’un des derniers moyens de faire de l’argent.

        J’ai du mal à comprendre votre rejet (c’est comme ça que j’interprète les mots que vous utilisez) de méthodes intelligentes, scientifiques et prouvées. Ce que vous leur reprochez, en fait, c’est de ne pas être plus répandues qu’elles ne le sont, en France en tout cas ? Le fameux adage « si c’était vrai, ça se saurait » ?

        • Le projet a été stoppé mais la classe était mise en place avec tout le matériel… Si nous nous arrêtions à chaque fois que le rectorat ou l’inspection ne nous soutenait pas, nous ne ferions pas grand chose dans nos classes ! Ce qui est dommage, c’est que l’outil était utilisable mais que cette enseignante n’a pas souhaité continuer à l’utiliser. Nous bénéficions dans l’EN de la « liberté pédagogique », ne nous privons pas de nous en servir ! Bravo à Ticeman pour ton billet, j’aime beaucoup :-).

        • Je crois que ce qui est gênant dans cette histoire de « bombe » c’est qu’effectivement je ne suis pas sure qu’elle n’ait pas démissionné pour faire le buzz. Il faut savoir. Si elle s’est réellement donnée 3 ans, elle avait prévu de démissionner quoi qu’il arrive, non ? Si c’est l’EN qui a stoppé son projet, de quel projet parle-t-on ? Comme vous le dite, la méthode de base a 1 siècle et est déjà utilisée par d’autres enseignants. C’est une méthode qui connait un effet boule de neige. Les enseignants testent la méthode > Ils ont des résultats > ils font passer… Le souci c’est que j’ai l’impression que ce qu’elle voulait elle, c’est imposer la méthode dans toutes les écoles, parce qu’elle l’avait testé sur un échantillon de la population, voire 2. On passe sur l’adaptation qu’elle en a fait et qui selon elle la rende plus efficace. Le positif de l’histoire c’est que grâce à cet article, beaucoup d’autres enseignants s’y mettront aussi. Le souci c’est que d’autres méthodes très prometteuses sont aussi testées par des enseignants. Des méthodes qui complètent aussi Montessori. Alors on fait quoi ? On ouvre les portes toutes grandes à Mlle Alvarez et advienne que pourra pour les autres. Très honnêtement, comme je l’ai déjà dit, j’adhère à la méthode de Céline ALvarez, ou plutôt j’adhère à toutes ces méthodes qui ont pour origine Montessori. Mais honnêtement, 3 ans pour tester et convaincre l’EN. C’est un blague. Des avocats travaillent entre 3 et 10 ans pour convaincre 1 juge sur des affaires mineures. Et elle voulait convaincre l’EN en 3 ans. Bel effort pour l’investissement, mais sa démission est en effet un foutage de gueule ( pardon pour l’impolitesse ).

          Mais je le redis encore, malgré tout, la méthode est à tester 😉

  12. Parce que des gens comme vous, naïfs et débordés pour voir ce qui se passe sur vos flancs, y croient encore, l’école continue ses ravages et passe à côté de sa mission. J’aurais pu écrire « pourquoi malgré la passion de transmettre d’enseigner et de prendre la parole en public, j’ai renoncé au métier de professeur pour devenir avocat. »

    Vous vous sentez con et vexé à la lecture du billet du petit jeune qui s’est tiré à temps en ayant le courage de crier son dégoût? Vous avez raison. Parce qu’avec des gens comme vous, blasés mais programmés comme des machines à transmettre inefficacement le peu que vous pouvez en vous convaincant que çà sert à quelque chose et que « ce n’est pas (à peine) rien », vous maintenez une situation où on ne rémunère pas en conséquence de la responsabilité et de l’importance du rôle, que corrélativement les vrais talents et esprits renoncent ou continueront d’être broyé à leur corps défendant et à leur insu la plupart du temps. Vous contribuez à conforter l’administration dans la conviction de la justesse de sa méthode absconse et brutale. Que vous perpétuez ou contribuez à perpétuer une méthode qui dégrade objectivement les performances des élèves, qui prétend offrir un socle commun mais qui institue des bacs différents. Sachant qu’un élève ne sait pas encore lire, écrire et calculer correctement en sortant du BAC, on peut se demander quel est exactement le socle commun.

    Et comme tous les gens piégés dans leur nasse vous défendez votre bourreau, syndrome de Stockholm oblige. Comme disait Einstein à propos de la folie : « c’est la répétition d’un même comportement en espérant un résultat différent ». On pourrait remplacer « comportement » par « méthode ».

    Alors est-ce courageux de démissionner? Dans un sens oui, dans un autre, pas vraiment. Mais le silence ou la mise au silence de la critique au nom de sa petite souffrance personnelle supérieure à l’autre, c’est un péché d’orgueil en plus d’être une bêtise pour rester poli.

  13. Bonjour,
    Je suis actuellement en disponibilite de l’E.N. apres avoir enseigne 15 ans les SES en lycee.
    J’ai aime mon metier et j’ai eu la chance …( que j’ai provoque) de m’ouvrir a d’autres domaines,competences en developpant une autre activite depuis 10ans.
    Je n’ai pas demissionne par conviction et par precaution…
    J’ai eu le Courage d’aller voir un peu ailleurs……de sortir du systeme…daccepter de me regarder en face..autrement…et de descendre de mon petit piedestal…car avouons le…le monde de l’education nationale sclerose..compartimente..etiquette…
    Aujourdhui,je me forme en me financant une formation a la pedagogie Montessori …..je suis intimement convaincue de la legitimite,de l’efficacite de cette pedagogie…et je travaille sur moi meme pour gagner encore et encore en sagesse,recul…
    Et …je vais mettre tous les moyens pour y retourner dans cette institution ,cette forteresse…avec le projet d’accompagner les plus petits…
    Car j’ai compris que l’enseignement en maternelle est un enjeu ,l’enjeu…
    Alors,j’ai tres envie de feliciter Celine A.pour tout ce qu’elle a fait deja a Genevilliers…pour tout ce qu’elle a fait autour…et ce qu’elle a entraine avec elle….
    J’ ai envie aussi de croire en la suite ,son projet…qui lui appartient….et je n’ai pas du tout envie de l’opposer a ceux qui ne demissionnent pas..
    Le monde est deja assez clive..la societe aussi…l’ecole aussi…
    Je respecte votre temoignage,votre ressenti,il vous appartient…mais cessons les jugements,les oppositions…
    Mettons une vraie intelligence et energie au service des enfants!!!!!!!!!!
    Bonne rentree a vous.
    Desolee pour la ponctuation et les accents…ma tablette dysfonctionne..
    Belle journee.
    Sophie

  14. Bonjour,
    j’ai lu avec intérêt et je vous félicite pour votre endurance. Je suis d’accord, il n’y a pas UNE méthode dans la mesure où les enfants ne sont pas des numéros même si certains membres du corps enseignant ont tendance à l’oublier. Je ne suis pas enseignant. Je suis même un peu blasée je l’avoue, pour la simple et bonne raison que ( et je le réalise aujourd’hui ) j’ai eu la chance d’avoir des enseignants extraordinaires ce qui n’a pas toujours été le cas de mes enfants. Pour autant, votre réflexion ne me semble pas incompatible avec la bombe dont vous parlez. Je comprends votre frustration pour la forme de l’info, mais vous devez prendre en compte que certains de vos confrères poussent les parents dans leur retranchements. J’ai la chance d’avoir un niveau d’étude acceptable et donc d’avoir le choix. J’ai appris à lire à mon fils, puis ma fille… au final l’enseignante qui trouvait ma fille trop envahissante ( elle finissait les travaux avant les autres et donc demandait à ce qu’on l’occupe ) m’a demandé d’arrêter de la faire travailler à la maison. J’ai donc fait ce que cette enseignante aurait dû faire : mettre des livres dans son sac… A l’inverse cette même enseignante demandait à des parents d’élèves en difficulté de les faire travailler à la maison. Une manière de déculpabiliser et de déporter la responsabilité…. On demande pas aux enseignants de mettre tout le monde au même niveau, mais de tenter de s’adapter. De garder à l’esprit qu’ils ne sont pas là pour faire de la garderie mais pour éduquer les enfants dont ils ont la charge et cela malgré leur parents. Les rendre progressivement autonomes. Car c’est ça la base de l’école. Offrir une éducation à tous, même si les parents ne peuvent pas suivre. Tout ce que je demande aux enseignants c’est d’être assez motivés pour ne pas laisser tomber ce qui en ont le plus besoin. Parce qu’au final, elle a raison. Très souvent aujourd’hui, ceux qui s’en sortent sont ceux qui ont des parents motivés et capables de prendre le relais. Certaines méthodes sont prometteuses qu’avez-vous à perdre à tenter des les appliquer. Bien sur, que ça ne va pas marcher sur tous les enfants, mais si cela marche déjà sur un grand nombre, rien ne vous empêche d’appliquer d’autres méthodes pour les autres. Je suis d’accord avec Descat ( 21 ans ) quand il dit qu’il y a une tonne de possibilités et d’outils… mais que bien souvent les enseignants estiment qu’ils n’ont pas à s’y former. J’imagine qu’on ne change pas une équipe qui gagne, mais on fait quoi quand l’équipe ne gagne pas. Je suis photographe, j’imagine que j’ai un minimum d’ego. Il en faut pour faire ce que je fais ( à moins qu’il s’agisse d’impudeur ). Pourtant il ne m’empêche pas de me remettre continuellement en question et de continuer à  » me former « . Il semble que ce soit aussi votre cas, mais gardez à l’esprit que ce n’est pas le cas de TOUT le corps enseignant. Beaucoup d’enseignants sont motivés et bons dans ceux qu’ils font, mais beaucoup ne le sont pas. Cette bombe, qui effectivement n’en est pas une dans la mesure où elle n’a rien inventé, essaie juste de remettre les choses à leur place. Elle vous informe aussi. Les enseignants ont perdu la confiance des parents. Il est peut-être temps de se demander pourquoi ?

  15. Parce que parfois on se sent plus utile quand on est concrètement à côté des gamins, parce que parfois, on sait où on va quand on les guide tout au long de l’apprentissage et de l’échec, je crois que c’est courageux de démissionner.

    Parce qu’ici, démissionner veut dire plonger vers un inconnu, et aussi abandonner, quelque part, ces enfants que l’on voudrait accompagner.

    Alors je vous respecte énormément, car il faut les accompagner au quotidien, c’est indispensable d’avoir des professeurs comme vous qui y croient encore évidemment, et vous, vous croyez en eux, les enfants, et en leur potentiel infini, ça se sent !
    Il faut des gens comme vous, et il faut aussi des gens qui démissonnent, pour continuer leur autre mission ! Pourquoi juger? Peut être que pour Céline Alvarez, institutrice n’était qu’un passage dans son parcours de vie.
    Chacun sa trajectoire, on a tous le même but, finalement!
    Je vous souhaite une belle trajectoire et une bonne soirée!

  16. je suis de celles qui y croit encore après 25 ans d’ancienneté …. je suis de celles qui même si ce n’est pas facile tous les jours, y croit encore . Une rentrée avec 30 élèves dans une classe unique de maternelle, avec des enfants en grande difficulté, et un petit autiste qui intègre la classe… c’est la réalité de beaucoup d’entre nous..mais j’y crois encore…. c’est chaque année un nouveau défi, un nouveau recommencement… mais quand une petite fille vous dit « je t’aime maîtresse » , quand un petit qui devenu grand et que vous retrouvez plus tard vous dit  » merci  » on se dit qu’il n’est pas vain d’y croire… qu’elle que soit la pédagogie … bien sûr nous avons des programmes , un cadre c’est cela la démocratie, sans cela ce serait l’anarchie…. mais nous avons au moins la liberté de la méthode…. je picore chez toutes celles et ceux qui ont envie de donner quelque chose à ces enfants, de leur permettre de grandir, d’apprendre , de s’ouvrir aux autres….chez tous ces collègues , qui maintenant grâce à internet, partagent leur façon de faire, leurs réussites… C’est peut-être plutôt là qu’est le secret … la réussite des enfants qui nous sont confiés… plutôt que notre rancoeur… l’avenir ce sont ces enfants , et nous avons la chance de pouvoir leur partager un peu de notre savoir….j’y crois encore : c’est l’un des plus beau métier du monde ! ….Et c’est peut-être pour cela que nous ne démissionnons pas….

  17. Monsieur,
    WOW! Vous etes bien un exemple de ce que je crois aller tres mal avec l’EN (veuillez excuser le manqué d’accents, mais je suis Canadien Anglophone et j’ecris sur un Qwerty americain). Je detecte de la jalousie et l’attitude du « timer » (celui qui sert son temps, tout simplement). Vous semblez etre tres fier de ce que vous faites – l’education par les memes tirs aleatoires dans le noir, reussis ou pas, et on continue, surtout pas de contestation – parce que,  » je ne crois pas qu’il y ait une pédagogie miracle »…
    Non, mais il y a PEDAGOGIE et elle change , comme la technologie et tout d’ailleurs, et l’EN est reste au ramassis de methodes du 19eme siècle.
    Elle est ou la method Freinet a l’EN? Ca, c’est une Pedagogie dans l’action (il y a d’autres), precisement parce que les gamins ne sont pas tous pareils, MAIS veulent tous aller de l’avant a leur propre facon.
    J’ai fait l’experience. En 2004, vivant alors en France, j’ai obtenu la garde d’un enfant anglophone de 11 ans qui etait analphabete dans sa langue maternelle (et ne parlait pas un mot de Francais). Il serait alle ou dans votre systeme? Heureusement, il y avait une ecole « genre » Freinet dans la region et apres, il est alle dans un college Freinet a Saint Martin Valmeroux (on a du demenager), qu’entretemps l’EN a reussi a fermer. Mon fils a fait son college en deux ans (brevet avec mention) et passe son bac au Lycee Francais de Lisbonne aussi avec mention bien. Aujourd’hui, a l’age de 22 ans il est quadrilingue et le plus jeune attache parlementaire au sein du gouvernement federal du Canada (vous pourrez le suivre sur Facebook sous « Niall Marichiweu »). Il serait alle ou, Niall, dans votre systeme de « timers » et gens atteints de « reunionite » et « droits acquis »? Nulle part!
    Des profs comme vous sont necessaires pour rendre le « marais » un peut plus vivable parce que vous etes foncierement bien, vous avez de l’humour et vous devez faire un boulot consciencieux. Mais, s’il vous plait, ne critiquez pas ceux qui comme Celine Alvarez ne peuvent plus continuer a marcher dans la vase et preferent secouer le panier. Oui, il faut ecrire des livres, oser parler contre, proposer des alternatives, revisiter les bonnes pedagogies d’education sociale (comme Montessori) cooptees et appropriees exclusivement par les gens « bien ». Avec vos 6 Blogs vous etes bien place pour le faire aussi. Sinon, a quoi ca sert d’ecrire et de parler si c’est seulement pour redorer la meme vieille pilule?

  18. J’ai démissionné, j’ai fait ma première rentrée sans être prof il y a quelques jours. La raison principale: un ras-le-bol des méthodes pédagogiques qu’on doit tous appliquer comme des cons, sans se poser de questions, quelque soit notre personnalité ou celle de nos élèves. J’enseignais l’anglais, chaque année apportait sans lot de nouvelles méthodes à appliquer sans broncher . J’ai été inspectée 3 fois en 5 ans, à chaque fois le résultat était « favorable » mais ma direction me faisait inspectée car je ne rentrais pas dans le moule… Bon, j’ai fait plusieurs établissements, et faut dire que le dernier était particulièrement gratiné.

    J’espère que mon message n’est pas bourré de fautes et est compréhensible. J’ai fait 7h de chimie aujourd’hui, pour quelqu’un qui a passé un bac littéraire il y a dix ans, ça pique!

  19. Moi pareil, sauf que j’ai pris 10 kgs ces dernières années (bon, OK, 15) et que je suis dans l’EN depuis 22 ans. Mais sinon tout pareil. Bon j’ai moins confiance et je suis moins émerveillé par la gent humaine que toi, mais c’est pas grave, c’est l’aigreur des kilos ^^

  20. Je suis admirative de votre courage et votre détermination. Mon mari et moi, profs de maths certifies pendant 14ans avons abandonné le navire pour intégrer l’INSEE il y a deux ans.
    Pourtant, j’ai des enfants et je suis contente de voir que des collègues y croient encore pour leur bien. alors bonne continuation…

  21. Que la médiatisation rende suspect l’effort de Mme Alvarez, je comprends. Mais, il faut attendre avant de juger. Je ne suis pas instit mais mon meilleur ami l’est et m’a fait découvrir cette expérimentation. Il a contacté cette instit et a trouvé quelquun de disponible. Il s’est aussi interrogé sur cette démission et je reconnais que c’est dommage mais votre post effectivement sent la colère et pas la meilleure, mélangeant bons arguments et coups de gueules un peu sans lien de fond. J’entends surtout que vous trouviez insupportable, comme d’autres instits et profs qui parlent ici que quelqu’un se permette de parler de « bombe pédagogique » alors que vous êtes nombreux à essayer plein de chose et à y croire depuis des années sans démissionner.
    Pour résumer : « elle vient nous expliquer comment faire alors qu’elle bosse depuis trois ans et en plus elle le fait en quittant le navire… »
    Bah oui…Mais il n’est pas impossible que ce soit le cas. Et il est a souhaité que quelqu’un ait un jour le talent de faire mieux ou plus incisif, plus percutant et simplement davantage reconnu ce que des centaine de milliers ont tenté et tentent de faire sans reconnaissance ni réussite éclatante. C’est peut-être dur à accepter mais ce serait bien que juste quelqu’un réussisse à faire bouger des choses, même si sur la forme cela ne contente pas des milliers de profs qui essaient et qui ne se sentent pas immédiatement représentés. Cela ne signifie en rien que vos efforts sont vains ni qu’elle est meilleure que vous…Elle aura su porter les choses avec un plan de bataille plus offensif, d’un point de vue de pure péda comme de façon médiatique. C’est notre alliée, c’est la vôtre aussi, celle des parents et des enfants. Il faut la soutenir. Sur le fond. C’est trop important.
    Bon j’imagine que mon post sera trop loin et pris dans une déferlante mais si vous lisez, s’il vous plait, essayez et essayons de restés unis sur l’essentiel : quelqu’un veut que ça se bouge et fait un « coup » pour y arriver…Et alors ? C’e n’est pas notre ennemi…Non ?

  22. Bonjour,

    Tombé par hasard sur votre blog, j’avoue partager la très grande majorité de vos points de vue et ça fait du bien.

    Juste pour l’anecdote : je me suis fait opéré du genou le premier lundi des vacances de la Toussaint afin d’éviter 2 semaines d’arrêt de travail. Pour cela, j’ai rencontré un toubib, un anesthésiste et un chirurgien. M’y étant pris un peu tard, il était difficile de pouvoir se faire opérer à cette date. Lorsque j’ai évoqué les raisons de ma demande à ces 3 médecins, la réaction a été la même pour les trois : « ne vous inquiétez pas, un enseignant qui souhaite se faire opérer pendant ses vacances pour éviter un arrêt de travail est rare : on va vous trouver une date. Si vous saviez le nombre d’enseignants qui viennent à l’hôpital fin août pour se faire opérer début septembre…. Alors quand il y en a un comme vous, on trouve des solutions ».

    Alors effectivement, ça fait du bien de lire des propos d’enseignants motivés ayant encore une idée de ce que signifie « conscience professionnelle » et ayant encore foi en leur métier : je me sens moins seul :).

    Donc merci à vous, j’adore aussi votre article très juste sur les choses à ne pas dire sur les TICE (étant moi même référent TICE (rupn) dans mon établissement). Par contre je suis agrégé, désolé mais je l’ai eu en interne (moindre mal) et mes amis (j’en ai malgré l’agreg) me recommandent de m’inscrire à l’émission de mais bon, je ne suis pas un vrai agrégé…

    Gardez la foi !

  23. Super ce post Ticeman ! Suis content qu’on soit cousins ! Si je comprends bien, tu fais partie de cette catégorie d’enseignants qui a décidé de résister. Ton chemin est celui de millions les militants qui depuis un siècle se réclament tous de l’Education nouvelle. T’es pas tout seul !
    Je ne juge pas ceux qui craquent pour une raison ou pour une autre. Le plus grave serait de ne pas s’apercevoir qu’on n’est pas fait pour ça ou tout simplement qu’on n’a pas la force de se battre.
    Quant aux donneurs de leçons, qu’ils nous expliquent comment eux s’y prennent pour que ça marche mieux ! Parce qu’avec les enfants et les jeunes, les adultes sont en permanence face à 2 questions sans réponse évidente : pourquoi et comment ? Et s’y coller, c’est ça le courage.
    Pour finir, mon expérience et mon parcours de militant pédagogique m’ont appris que la pédagogie n’est ni une pratique ni une théorie, mais les 2 en va-et-vient. C’est ça qu’est bon !

  24. Bonjour,
    Je partage avec vous ma vie de prof qui a 2 reprises a été interrompue dans l’espoir de la quitter définitivement. Résultat, j’y suis retournée et me sens à ma place malgré les difficultés et la pénibilité. Tantôt bon tantôt mauvais prof comme parfois bonne et parfois mauvaise mère, a notion de bon et mauvais est bien relative. Total respect.

  25. Je suis assez d’accord sur le fait qu’il n’y a pas une pédagogie mais différentes techniques que l’on teste auprès des enfants selon les difficultés rencontrées, l’intérêt etc… Pour ma part, comme vous, j’ai regardé les vidéos de « linstit révolutionnaire qui a infiltré l’éducation nationale pour rapidement démissionner ». Le vocabulaire utilisé par les médias m’a fait sourire….un vrai roman! La guerre froide à l’Education nationale….
    J’ai commencé à me poser des questions: qui était cette personne? Qu’avait-elle comme parcours? Comment a t-elle procédé? Financement etc… Pourquoi avoir limité son expérience à la maternelle? Comment et qui a évalué ses actions?
    Et au-delà de tout cela, je me suis interrogée sur ce buzz médiatique?
    Pour ce que j’ai compris du fonctionnement de l’Education Nationale, je crois savoir qu’il y a quelques années, dans le département où j’exerce il y avait un inspecteur chargé de faire la tournée des maires pour essayer de les convaincre que leur commune prenne en charge la petite enfance: échec!
    Qu’à cela ne tienne, l’Education nationale revient à la charge par une autre porte: Les nouveaux rythmes scolaires qu’elle impose de force aux communes….avec obligation de financer la chose..
    Maintenant, j’appelle la pédagogie Montessori pour refonder l’école avec le slogan : « je veux faire tout seul »! je m’auto-corrige, comme si nous n’y avions pas pensé avant. Quelle gourde je fais!…
    Et bien à mon avis tout ceci ne vise qu’à transférer le secteur maternelle vers les communes parce qu’en matière de pédagogie il n’y a qu’à organiser la classe, acheter du matériel auto-correctif et expliquer aux enfants ce qu’ils doivent faire avec tout ça. Un enseignant est-il bien nécessaire dans ce cadre?
    La machine est en route, le budget EN est conséquent, transférer les classes mat vers les communes et confier leur gestion à des éducs, des atsems soulagerait financièrement notre Ministère.
    Toute cette affaire ressemble à une grande entreprise marketing pour préparer tout le monde à la refondation de l’école?
    Internet est une vitrine extraordinaire pour cette opération marketing. Lorsqu’on se pose la question de quels intérêts sert l’instit révolutionnaire, on voit bien qu’ils sont multiples: je sors un livre, je fais de la formation, je deviens chercheur….je fais vendre du matériel qui coûte la peau des f…..Au-delà de tout ça, je crois que moi aussi je vais suivre le même chemin: JE vais demander un rendez-vous à notre ministre pour lui dire que vraiment j’ai envie de mettre en place la pédagogie Steiner ou Decroly(j’hésite …), comme elle va me donner carte blanche, je vais demander une école en ZEP, je me fous complétement de la mairie qui va m’adresser une atsem à plein temps, de mon inspecteur et de mes collègues qui ne m’empêcheront pas de mener mes expérimentations comme je l’entends (le projet d’école, les surveillances les réunions diverses et variées, les évaluations…ça ne m’intéresse pas etc…), dans deux ans, je vous flanque ma dém et j’ai une promotion comme chercheur et ce qui va avec….elle est pas belle la vie! Pour vous mes chers collègues soyez de bons petits soldats car dorénavant les promotions se feront si vous avez des projets innovants, alors n’hésitez pas faites comme moi…remettez au goût du jour ce que d’autres ont pratiqué en d’autres temps!

    • Au secours !
      Par quoi commencer ?
      Allez, par le slogan : « je veux faire seul ! ». Alors d’abord c’est « apprends moi à faire seul » et la nuance est de taille. Le temps, la patience qu’il faut pour aider un enfant à être autonome… Savoir être là au bon moment et lâcher prise pour lui laisser le temps nécessaire… Ensuite, je vous conseille de laisser une classe entière livrée à elle même avec du matériel autocorrectif sans le travail préalable pour que les enfants soient en capacité d’avoir intégré les règles de vie en commun dans une classe non pas parce qu’ils ont besoin d’une récompense, une approbation ou peur d’une sanction (dès qu’on a le dos tourné, c’est le bazar) mais parce qu’ils ont ressenti leur bien fondé et se les sont appropriées.
      Tout le monde bloque sur l’aspect « pédagogie Montessori », mais il n’est qu’un volet du discours de Céline Alvarez. Elle parle également de » se mettre en lien avec chaque enfant avec bienveillance et de les mettre en lien entre eux ». En fait, allez voir son blog, regardez tous les contenus qu’elle a mis gratuitement à la disposition des enseignants du public depuis qu’elle a démissionné lorsque l’éducation nationale lui a sommé de pratiquer une pédagogie plus traditionnelle et de retirer son matériel de la classe. Réfléchissez sur le fait qu’elle ait organisé l’année dernière 2 jours de partage d’informations payants auxquels ont participé 200 personnes et qui ont été mis en accés gratuit en ligne quelques mois plus tard. Ces enseignants devraient se dire « oh putain ! j’ai payé (180 euros) c’est que pour moi ! » ou plutôt « c’est ma manière de participer, c’est normal que ce soit partagé GRATUITEMENT » ? Rebelotte cette année, 3 jours en juillet, 700 personnes dans l’amphi des arts et métiers de Paris. 700 personnes qui savaient qu’elles n’avaient qu’à attendre pour avoir la même chose, GRATUITEMENT 2 mois après ! (290 euros les 3 jours, pour s’en mettre plein les poches ou trouver de quoi faire tourner le site, se payer et payer Anna Bisch -l’atsem financée à Gennevilliers non pas par la mairie mais par l’association « agir pour l’école »- qui l’accompagne toujours, financer ce projet qui est de faire exploser ce chiffre de 40% d’élèves en difficultés à la sortie de l’école primaire. Et vous savez quoi, vu le travail abattu, si un jour elle gagne de l’argent avec cette histoire, elle ne l’aura pas volé !
      Elle a écrit un livre ! Hou, la vénale ! Freinet, en a écrit une dizaine et a fini, de notoriété publique, milliardaire. Peut-être qu’elle veut juste changer le monde après tout. Et peut-être qu’il a grand besoin de certains changements.

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