Ticeman origins part 2: Contourner hadopi par un bout de scotch (ou comment imaginer le monde du libre sans le connaître)

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Retour sur l’épisode précédent. Tout est né d’une frustration. Tout continue sur une frustration.

Mes débuts tumultueux dans le monde de la technologie ont été encouragés par un ordinateur magique, mon premier ordinateur. Faut croire que tout ce qui arrive en premier est magique. Je me souviens avec nostalgie de ma première voiture, je me souviens avec nostalgie de mon premier ordinateur, je me souviens avec nostalgie de mon premier baiser (ah non pas trop en fait, j’ai le vague souvenir que l’appareil dentaire ça pique la langue…).

Bref, parlons un peu de ce premier ordinateur. Mon mien à moi. Je refais pas un topo sur mon monde. Avoir un ordinateur même après tout le monde, c’était déjà énorme pour moi.

Mon premier ordinateur c’était ça:

httpv://www.youtube.com/watch?v=NTgeR0LXgZw

Bon pas le mieux des deux, le mien c’était le modèle avec cassettes. Mais en fait c’était un avantage. Avec cet ordinateur, qui coûtait plus d’un mois de salaire de Moman, et ben tu avais le droit à des trucs géniaux.

Premier droit:

-Tu pouvais attendre 10 minutes avant que ton programme se charge. Ben oui à l’époque pas de disque dur, pas d’OS, tout était dans le logiciel.

Deuxième droit:

-Tu pouvais pendant la dizaine de minutes de chargement, entendre une douce musique à mi chemin entre la roulette du dentiste et le cri de Jamie Lee Curtis dans Halloween (qu’est-ce que je l’aimais celle-là). Ben oui, parce que tout ce qu’il y avait d’inscrit sur la cassette se manifestait par un son. Mais ce son, c’était un peu le symbole du succès. Quand tu étais capable de le reconnaître tu faisais partie de la communauté des possesseurs d’Amstrad. Quelques années plus tard, alors que je découvrais Internet, je retrouvais avec ravissement un son identique dans le bruit du modem 56k.

-Troisième droit (et pas des moindres):

-Si tu disposais d’un Amstrad CPC 464, et bien tu avais à ta disposition, gratuitement, tous les logiciels existants. Et oui, tout gratuit, le monde du libre avant le libre. Et oui, quand tu as un logiciel sur cassette, et bien il peut se copier comme une cassette. Et dans le même temps, les gens ingénieux qui bossent dans l’électroménager ont inventé, le lecteur double cassette. Ben oui, faut quand même être ingénieux pour vendre des cassettes et vendre en même temps de quoi les copier, et après se plaindre que les cassettes sont copiées. Il paraît d’ailleurs, mais c’est une rumeur, qu’aujourd’hui, les vendeurs de graveur DVD ou Blue Ray sont les mêmes qui vendent des DVD et des Blue Ray.

 

Bref, maintenant que sont définis les droits de l’utilisateur de l’Amstrad et bien, on peut enfin parler de cet avantage énorme.

Tout copier en quelques minutes. Tu achètes la machine, qui comme le dit la pub ne nécessite qu’un seul branchement et tu as à ta disposition tous les logiciels existants. Oui bien sûr les cassettes étaient déjà dmrisées pour ne pas pouvoir être copiées. Mais à l’époque les DRM c’étaient une languette de plastique qui manquait sur la cassette. Sans cette languette, pas de copie possible.

Après une intense réflexion (de bien quelques secondes, ben oui parce que la tignasse qui recouvraient mon crâne ralentissaient mon refroidissement cérébral), je me dis: « mais, il suffit de remplacer la languette manquante ». Et voilà que j’invente (oui j’ai bien dis JE) le système pour contrer HADOPI des années 80, le morceau de scotch (et je défie quiconque de dire que ce n’est pas moi qui l’ait inventé, de toute façon c’est mon blog). Un bout de scotch à la place de la languette et hop tu es un hacker.

Devenu hacker, je me dis alors, que vais-je faire de ce nouveau talent? Ben oui pas tous les jours évidents d’avoir une capacité extraordinaire. Je me mis donc à copier tout  et n’importe quoi pour tout connaître sur les possibilités énormes de mon ordinateur. Et là je découvris tout ce que l’on pouvait faire avec un ordinateur à cette époque:

httpv://www.youtube.com/watch?v=VwvevInhipQ

Non pas couper des têtes, sinon j’aurais orienté ma carrière vers la gestion des ressources humaines, mais jouer. Parce que voilà, quand t’as 15 ans, que t’as un ordinateur, qu’internet n’existe pas encore, qu’est-ce que tu peux bien faire d’autres? Ben oui, un ordinateur sans internet c’est un peu comme une relation platonique: tu fais vite le tour et ça devient ennuyeux. Bref, entre deux découpage de tête dans Barbarian, finir douze fois Bruce Lee, enquêter dans le manoir de Mortevielle, l’ordinateur est devenu rapidement ennuyeux. Alors en bon hacker de l’époque, je copiais pour les autres.

Puis je me mis à bidouiller. Ben oui, à quoi bon copier si tu ne fais que mettre l’original. Donc je me dis, ben faudrait apporter un plus. Alors, je me mis à trouver des copies déplombées par d’ingénieux bidouilleurs plus forts que moi qui ajoutaient les vies infinies dans les jeux, le temps infini etc. Et puis je me dis mais je pourrais aussi le faire. Alors je me mis à bidouiller aussi et à ajouter des trucs sans grands succès d’ailleurs faute de matériel: ben oui parce que faire sauter une protection à l’époque nécessitait du matos à brancher sur ta machine et moi j’en avais pas.

Mais le plus important de ma carrière de hacker au scotch, c’est la réflexion qui en a découlé.

La première réflexion fut de me dire qu’un ordinateur ça ne sert que si on a quelque chose à faire avec. C’est marrant c’est d’ailleurs toujours ce que je pense et ça me fait bien rire d’apprendre que les enseignants du Québec vont tous être dotés d’un portable. Ben oui imaginer un peu l’enseignant qui s’en fout royalement des tice, et ben il ne saura pas quoi en faire et comme des millions d’utilisateurs, il ne trouvera ça bien que pour surfer sur des sites porno.

Ma deuxième réflexion fut de me dire que l’ensemble de l’écosystème était débile. Bon d’accord à l’époque ma réflexion ne comprenait pas le terme écosystème. Mais bon je me disais, avec mes mots à moi dedans ma tête chevelue: « pourquoi forcer les gens à copier des logiciels alors qu’il serait si simple qu’ils soient gratuits et copiables ». Et oui, c’est à cet époque que j’ai inventé la notion de logiciel libre qui m’a été reprise par la suite (Je rappelle que c’est mon blog). D’ailleurs, je me pose toujours la même question aujourd’hui. Non parce que vous ça ne vous gêne pas tout ça. D’ailleurs, c’est marrant parce que même aujourd’hui alors que les logiciels libres existent, et bien il y a des gens que je ne nommerai pas, mais dont le logo est une pomme avariée (en tout cas il en manque un bout) qui diffusent sur leur appstore des logiciels gratuits au prix de 3€ (vérifié par moi même).

Bref, ce bref article pour dire que l’Amstrad a été une prise de conscience sérieuse. Je me dis alors que je pourrais faire bien autre chose que couper des têtes avec mon ordinateur, et je me dis surtout que l’ordinateur du futur ne sera pas un ordinateur qui oblige les gens à bidouiller pour avoir le droit d’utiliser des logiciels utiles. Bref, l’ordinateur du futur sera…. celui que j’utilise aujourd’hui.

 

 

 

1 réflexion sur « Ticeman origins part 2: Contourner hadopi par un bout de scotch (ou comment imaginer le monde du libre sans le connaître) »

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